97.SEIZE MOIS A NOUMEA (part2)

Après la saison cyclonique, le port récupère ses places d’accueil et de nouveau se pose pour nous le Pb de trouver un endroit où accrocher Ylang. Nous finirons par trouver un corps mort (en location) face à l’entrée de la baie (point n°2 sur la carte). Le Pb de ce corps mort est que nous dépassions un peu sur le chenal d’accès et les cargos à touristes ne passaient pas loin…

A plusieurs reprises le capitaine du port est venu nous demander gentiment de nous déplacer, mais n’ayant aucune solution de replis, nous avons joué la montre et nous sommes restés 7 mois à cette place.

Par contre à mes yeux l’avantage de cette place est que nous avions des couchers de soleil magnifiques

Autre « spécialité » locale est qu’il faut payer un « contrat annexe » si on veut avoir le droit de laisser son annexe au ponton !! C’est la première fois que nous voyons cela !

Ce contrat nous donne accès à un wifi (que nous ne captons pas depuis le bateau !), à une adresse locale où nous pouvons recevoir notre courrier, à des douches et un robinet d’eau accessible sur le ponton à annexes. Cela évite que des dinghies ventouses accaparent le quai. D’autre part nous serons (encore) en rade de groupe électrogène pendant 3 mois (le temps pour déposer le groupe à terre, le diagnostique, que les pièces arrivent, soient dédouanées, remontées etc…) et nous utiliserons à ce moment là régulièrement les douches, en repartant avec des bidons d’eau. Finalement nous étions contents de ce contrat.

L’équipe d’accueil du port (exclusivement féminineJ) a toujours été sympa avec nous, nous trouvant une place à quai quand nous étions embêtés (remonter le groupe à bord par exemple…), nous accueillant toujours avec le sourire.

 

Le Pb de Nouméa est que les ports sont saturés, des projets d’extensions ou de créations existent (ils ont la chance d’avoir la place pour cela), sont validés, mais les travaux ne démarrent pas et personne n’est capable de nous d’expliquer pourquoi. Les corps morts que les gens ont placés leur permettent de garder gratuitement des épaves (je n’en ai jamais vu autant !) ou des bateaux sans surveillance et à chaque coup de vent, certains s’échouent.

Cette situation (inconfortable pour nous), nous laisse un sentiment de frustration.

-Si nous nous sommes arrêtés à Nouméa, c’est pour qu’Adrien fasse sa terminale dans un lycée : cela devenait pénible de travailler seul avec le Cned pour lui…et pour moi !

Donc une des premières choses que nous ayons fait en arrivant est d’aller voir les 2 lycées les plus proches.

Jules Garnier plus éloigné, nous accueille très bien, nous prends notre dossier….et ne nous donne jamais de nouvelles !!

Lapérouse (à 5mn à pied du port), le Lap’ pour les intimes, nous accueille froidement, ne nous laisse pas trop d’espoir et finalement c’est là qu’Adrien fera sa terminale !!!

Ce lycée est considéré comme un lycée huppé de Nouméa, mais nous avons trouvé que les profs n’étaient pas à la hauteur (de nos espérances ?)…en maths particulièrement où le prof a été réintégré par manque de personnel alors qu’il avait été interdit de terminale. La moyenne de la classe tournait à 5 (!!!), celle des bacs blancs de toutes les terminales autour des 4 (!!!!), faisant passer une année sous tension à Adrien et à ses parents évidemment…Les ¾ de la classe (dont Adrien) suivait des cours de maths particuliers en parallèle…alors quand on nous parle à la TV d’une éducation égalitaire pour tous… Mais l’histoire se finit bien : Adrien a eu son bac S avec 11.50 de moyenne, il n’est pas loin de la mention… J

Les difficultés de l’année ne l’empêcherons pas de se faire des copains et de participer à quelques fêtes et sorties.

 

-Une autre chose importante : depuis longtemps Adrien rêve d’être pilote, mais entre le rêve et la réalité il y a parfois un gouffre. Donc dès notre arrivée nous l’avons donc inscrit à l’aéroclub local, pour savoir s’il était à la hauteur de ses rêves.

Notre chance est que l’aéroclub est dans la ville, sur l’aéroport d’où partent les liaisons vers les destinations locales (îles loyautés, nord de la grande île etc…). Les trajets étaient donc rapides et Adrien s’y est même rendu parfois en bus.

Mais l’année ne fut pas simple là non plus : une théorie assez corsée qu’il a dû s’avaler tout seul (il n’y a pas de cours théoriques dans ce club !) ponctué de l’examen-QCM de la direction de l’aviation civile, où il doit avoir 75% de bonnes réponses ! Il ne l’a pas réussit du premier coup mais il s’est accroché et l’a décrochéJ.

Puis au niveau pratique, l’année fut ponctuée de nombreux rdv annulés : météo, indisponibilité des instructeurs (la plupart sont bénévoles), la difficulté de faire concorder l’emploi du temps du lycée et la nécessité de disposer de 3h en semaine pour faire sa navigation aérienne.

Malgré toutes ces difficultés, Adrien repartira de Nouméa avec son PPL (Brevet de pilote privé) en poche mais surtout avec la certitude qu’il adore volerJ. Il aura eu un décor de rêve pour ses premiers vols.

Un merci particulier à J.François qui s’est investi pour lui permettre de finir dans les temps.

Adrien sait piloter un avion avant d’avoir le permis voiture !!

Je serais la première passagère d’Adrien après son PPL, moment magique pour moi : vol au dessus du magnifique lagon Calédonien avec mon fils comme pilote ! Il n’y aura pas de moment de stress, mon pilote semble tout maitriser en douceur…maman est très fière. (J’ai les images, promis je vais faire un montage dès que possible)

Nous achèterons une voiture, pas chère, pas terrible, mais qui nous a permis un quotidien plus confortable et quelques ballades.

Une des difficultés a été de l’assurer : seule AXA a accepté de reprendre notre antériorité (supérieure à 4 ans). Pour les voyageurs au long cours : essayez de rester en second conducteur avec un parent ou ami pour garder une existence vis-à-vis des assurances au risque de redevenir « jeune » conducteur et payer beaucoup plus cher au retour.

Autre particularité de Nouméa est le nombre de voiturettes ! Ici dès 16 ans on peut passer le code et le permis pour voiturette et du coup beaucoup de jeunes lycéens possèdent leur voiturette…mais attention voiturette tunnée !!

3 choses capitales pour eux (vu par les vieux idiots que nous sommesJ) : les jantes, la peinture et …l’autoradio…

J’ai finit par m’habituer à ces voitures de poupées et cela est moins dangereux que des scooters pour les jeunes….

 

Quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas est que Nouméa est une ville polluée : en plus des bouchons quotidiens à la sortie du travail (comme beaucoup de capitales sur les îles), une usine d’extraction du Nickel se situe quasiment en centre ville. La SLN brule de l’huile de vidange et du mazout lourd pour transformer son nickel. Heureusement la majorité du temps le vent éloigne les fumées néfastes.

 

Là-dessus se rajoute des cargos qui passent quasiment quotidiennement. Il n’existe pas (encore) de prise pour eux sur les quais et donc ils laissent leurs moteurs allumés pour continuer à offrir le confort (et plus encore) à leurs croisiéristes.

Le pont était constamment couvert de poussière (particulièrement quand nous étions à quai, plus proche de l’usine et de la pollution urbaine) et cela mécontentait mon capitaine et m’a donné certains soirs des crises d’éternuements.

La Calédonie est responsable, à elle seule, de 0.03% de la pollution mondiale pour seulement 200 000 habitants !!

A cela on peut rajouter une odeur d’égouts certains jours… (Apparemment, une partie se déverse directement dans le port !!) Nouméa nous apparait par moment comme négligée.

 

Une autre chose qui nous a surpris est la météo : nous avons eu froid certains soirs, une petite laine était indispensable. Les premiers 6 mois ont souvent été pluvieux : nous avons eu à 2 reprises 3 jours de pluies ininterrompues… un vrai bonheur quand il faut prendre l’annexe. Nous avons remis le tour de cockpit (toile qui isole) qui été resté dans un coffre depuis le départ de notre voyage.

Heureusement pour moi, la seconde partie de notre séjour a été sans pluie, peut être trop pour la nature devenue desséchée, favorisant de nombreux incendies.

 

J’ai essayé de m’occuper pendant ces 16 mois passés à Nouméa : j’ai repris le yoga et j’ai obtenu le brevet de pilote de Drone J. Cela m’a obligée à passer la théorie du brevet d’ULM (la législation n’a pas encore fait la différence entre un drone et un ULM) quasiment au moment où Adrien passait sa théorie de pilote. Nous avons eu quelques conversations. Moi j’avais des cours…et mon examen était moins dur que le sien.

J’ai ensuite eu quelques cours pratiques de pilotage mais je ne maitrise pas encore celui que nous avons appelé Léon en espérant qu’il revienne toujoursJ

Je ne suis pas d’une génération qui a eu des jouets télépilotés et je ne suis pas très douée, je reconnais, mais j’ai le temps et l’envie d’apprendre et de faire des belles images…affaire à suivre J

 

Nous avons essayé de vendre sur place Ylang sans succès : notre bateau est trop gros (et trop cher) pour des ballades dans le lagon surtout avec le manque de places au port.

Nous avons donc décidé d’amener Ylang à un brooker en Australie.

Mais avant nous avons dû déménagé nos affaires : 74 cartons  qui rentrent en France par cargo.

 

Ces 16 mois passés à Nouméa n’ont pas toujours été simples, mais pour Adrien ils auront été bénéfiques. De notre coté nous garderons des images d’une île magnifique mais compliquée que je vous raconterai plus en détails dans mes prochains épisodes.

 

96.SEIZE MOIS A NOUMEA patr1)

Nous avons surveillé les dépressions qui se succèdent et nous finissons par trouver un petit créneau entre 2. Le but est de partir des Fidji sur la fin d’un coup de vent et d’aller assez vite afin que la dépression suivante ne nous rattrape pas !

Départ à 13h avec houle et vent de travers, ça bouge… on est malade mais on serre les dents …c’est dans ces moments là qu’Adrien est furax d’avoir des parents comme nous… ;-(

Le lendemain on avance pas mal (161 milles), toujours vent de travers, nos estomacs se maintiennent et le stock de Mercalm (médicament contre le mal de mer) diminue…Petit à petit la mer se calme et nous améliorons notre moyenne : 175milles le 3ieme jour.

C’est cet après midi là, que nous avons un appel d’un pilote d’avion nous informant qu’il a décollé de Nouméa pour venir à notre secours !!?? Nous avons fait un appel de détresse !!

En fait notre balise de détresse qui était rangée dans un placard s’est déclenchée toute seule ! Avec la houle et les mouvements du bateau un objet en contact avec elle, a appuyé sur le bouton d’appel !! Nous sommes confus, nous nous excusons auprès du pilote. Le pilote sympa « arrête la procédure ». Mais notre balise étant enregistrée (auprès de l’Agence Nationale des Fréquences) cela a déclenché un appel auprès de mes parents qui évidemment étaient morts d’inquiétude pendant que nous poursuivons tranquillement notre route. A notre arrivée en Nouvelle Calédonie, j’avais 10 messages d’inquiétude (Parents, amis, etc.…). Ce qui m’a « rassurée » par la suite est que cette situation est banale : 80% des appels de détresse sont des erreurs !! Il n’empêche que désormais nous seront plus vigilants.

Nous entrons dans le canal de la Havannah au sud est de la Nouvelle Calédonie, exactement 4 jours après notre départ. Nous sommes silencieux, nous pensons à notre prochaine vie, plus sédentaire, à la grande joie d’Adrien…

Nous ne réalisons pas que nous sommes dans une passe…tout est immense, nous sommes un peu intimidés.

Nous jetons l’ancre vers 16h à l’intérieur de la baie de Prony  dans la première crique au nom rassurant : Bon Anse. Tout est calme, nous sommes étonnés d’entendre autant d’oiseaux, et par la suite à chaque ballade en Nouvelle Calédonie nous entendrons énormément de chants très mélodieux d’oiseauxJ. Nous faisons une pause discrète (nous n’avons pas fait notre entrée officielle sur le territoire) car nous n’avons pas le temps de remonter jusqu’à Nouméa avant la nuit.

Le lendemain départ aux aurores, navigation dans le calme du lagon au moteur. Le paysage est nouveau pour nous : c’est une alternance de terres rouges assez désertiques

et d’ilots verts de pins colonnaires

 

Nous sommes avertis qu’il ne faut pas avoir de produits frais à notre arrivée, nous freinons un peu notre allure pour pouvoir engloutir ce qu’il nous reste avant la visite des autorités : hors de question qu’ils me jettent mes précieux fruits et légumes… J

C’est donc avec un frigo vide et un ventre plein que nous rentrons dans la baie de Nouméa vers 13H.

Il y a énormément de bateaux mouillés et il n’est pas facile de trouver une place….

Anthony le frère d’une ancienne patiente de Martial vient à notre rencontre et nous aide gentiment.

Nous appelons le port pour annoncer notre arrivée : Il nous faut descendre à terre avec nos papiers, il n’y a plus de place sur le quai d’accueil :-( . A la capitainerie on nous explique que les autorités sont en congés le jeudi AM (et cela tombe bien on est jeudi AM !) et donc pas de visite à bord pour vérifier si nous transportons des nuisibles en tout genre ! Et si les autorités ne montent pas à bord dans les 2h suivant notre arrivée, notre arrivée est considérée validée !

Donc amis navigateurs, si vous ne voulez pas être ennuyés faites votre entrée un jeudi AM !!

A partir de là démarre notre vie semi terrienne à Nouméa …le terme qui colle le mieux à la situation est :

C
MPLQUÉ

Le plus urgent est de trouver une place pour Ylang. Nous faisons le tour des ports : tout est blindé, aucun espoir de ce coté là, il y a des listes d’attente sur plusieurs années…cela me rappelle la Méditerranée.

La baie de Nouméa est assez fermée, c’est un bon abri (sauf par vent d’ouest, qui n’est pas heureusement le vent dominant). Des zones de mouillages sont installées de part est d’autre d’un chenal qui sert à l’arrivée des cargos à touristes.

Le Pb est que la chambre de commerce ne gère rien et que les particuliers peuvent placer eux même leur corps mort (bloc de béton ou n’importe quoi de suffisamment lourd pour retenir un bateau) où ils veulent !! Impossible de trouver même un trou de souris pour jeter son ancre, sans dépasser dans le chenal! Avec le temps il y a même des petits malins qui sont devenus multipropriétaires d’emplacements et en font un commerce. C’est à l’un d’eux que nous avons loué la première bouée coté Nouville. C’est un canadien arrivé il y a 20 ans, jamais repartit. Il bloque les places en mettant des bateaux épaves sur ses bouées. Notre environnement n’est pas terrible. Il y a pas mal de gens qui vivent sur des épaves flottantes…il faut dire que les loyers sont exorbitants à Nouméa. A terre ce n’est pas mieux, la zone est occupée par des « squatters » qui vivent sans eau et sans électricité et le soir venu, nous avons le bruit des groupes. Le bout de la route est occupée par un club de tir et une salle de prière de je ne sais pas trop quelle religion. Le weekend ils mettent la musique à fond et le prêche se fait au mégaphone ! Ambiance garantie….

Sur cette bouée n°1 Ylang est resté un mois sans nous (retour à la Réunion) et nous sommes restés ensuite un mois avant d’avoir la chance d’être tirés au sort par le port pour la saison cyclonique. En effet de Décembre à Avril, la Nouvelle Calédonie est en période cyclonique et peu de visiteurs se risquent dans la zone. Le port attribue donc ses places visiteurs à des bateaux tirés au sort. Nous nous sommes inscrits sans conviction et nous sommes très étonnés et contents d’être élus.

Nous aurons là tout le confort (eau et électricité à volonté), Adrien aura une grande liberté d’aller et venir, mais l’endroit est toujours en mouvement et assez bruyant : en face, les navettes vers les différents îlots

à notre gauche « le bout du monde » bar-resto qui invitent des chanteurs 2 à 3 fois par semaine (qui heureusement vont se coucher à 23H J)

Et tout autour la ville ….avec ses avantages et ….son bruit et ses odeurs d’égouts qui se déversent dans le port L

Le premier avantage est son marché sur les quais.

Petite aparté : ces photos ont été prises par Adrien du haut du mat…il est fier de son exploit ! J

La vie à Nouméa est chère (40% de plus qu’en métropole) mais je suis ravie d’avoir un si bon approvisionnement et avec le temps j’ai su trouver les petits producteurs aux prix acceptables.

Au marché aux poissons par contre le thon n’est pas très cher et je le mettrais souvent au menu.

Chaque weekend le marché aux poissons à son barde…qui nous fait le même effet que celui du petit village de gaulois J

Mais le marché est un lieu de vie, de rencontres aussi. Il y a une partie artisanat qui attire beaucoup de touristes (Australiens, Néozélandais, Japonais…), et puis un bar où il y a toujours beaucoup de monde et une petite crêperie.

J’ai aimé ce marché si riche en couleurs, odeurs, où se mélangent les cultures et les gens. J’ai découvert toutes sortes d’ignames (racine capitale dans la culture Kanak), mais on peut aussi trouver des fraises et des courgettes (prisées par les européens) ou bien toutes sortes de plantes aromatiques (citronnelle, coriandre etc….), et des petites aubergines asiatiques (elles sont blanches et de la taille d’un gros radis) pour les plats d’Asie.

95.FIDJI

Nous quittons les Tonga sous un ciel de plombs et petites pluies intermittentes… L

Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines : le lendemain nous avons l’impression d’avoir été téléportés dans la banlieue londonienne. Il fait froid et nous sommes enveloppés par un épais brouillard !! Le point d’orgue sera quand un vent de 30 nœuds (dans le pif évidemment sinon ce n’est pas drôle !) se lève. On affale en catastrophe la grand voile et on met les 2 moteurs en route. Le capitaine est furieux…il n’a pas signé pour ce temps là ! Finalement le temps se calme vers 21h….mais pas la houle ;-(

 

Les Fidji sont composées de 330 îles différentes dont les deux principales sont les plus grandes et les plus peuplées. Nous arrivons le matin suivant au milieu d’un groupe d’iles, les Lau Group, où nous n’avons pas le droit de nous arrêter car nous n’avons pas fait notre entrée dans le pays….dommage…

 

Juste après les îles, nous passons le méridien 180° celui qui est exactement à l’opposée de Greenwich…

 

Après une nuit calme (ouf !) sous une magnifique pleine lune, nous entamons notre dernière matinée de navigation sous un ciel de plomb (encore !), escortés par un banc de globicéphales!

Avant de partir des Tonga nous avons fait de savants calculs pour cette traversée : il faut partir au bon moment pour traverser de jour un groupe d’îles mal cartographiées puis arriver à destination pour faire les démarches un jour ouvrable et pendant les horaires d’ouverture pour éviter les taxes supplémentaires d’overtime. Nous avons envoyé au préalable notre dossier par email (comme on nous le conseil) et nous sommes fiers de nous, quand nous entrons dans le lagon de Levuka, juste après le repas en début d’AM, le timing est bon.

 

Nous sommes le seul voilier (les autres bateaux se dirigent en général plus au sud vers la capitale Suva) et rien ne semble vraiment fait pour nous. Nous appelons donc les autorités et on nous répond que tout le monde est en congé et qu’il faut attendre le lendemain !!Nous sommes un lundi et mes documents sont formels : il n’y a pas de jour de férié à cette date ( ??!). Nous allons donc passer la nuit un peu plus loin et ce n’est que le lendemain que nous apprendrons que les Fidji étant champions du monde de rugby à 7, le gouvernement a offert un jour de congé à toute la population !

 

 

Il faut dire qu’ici le rugby est LE sport national, et bien présent un peu partout !

Le lendemain nous nous mouillons face à la ville. Il y a là un quai défoncé avec un bateau échoué tout au bout et une forte odeur de poisson pourrit qui nous prend à la gorge. Pas très glamour comme ambiance !

 

 

Si l’ensemble n’est pas très accueillant, les gens sont d’une très grande gentillesse. Tout le monde nous fait de grands sourires et nous commençons notre cure de « Bula » (= bonjour en Fidjien). Bula, bula (prononcez boula) rythmerons toutes nos ballades aux Fidji, réputés pour être un des peuples les plus accueillant du Pacifique!

En cherchant la mairie (seule habilitée à nous fournir le fameux « permit cruising », sésame indispensable qui prouve que nous avons l’autorisation de nous promener dans les eaux Fidjiennes) nous comprenons l’origine de la forte odeur de poisson : une « fabrique » de boites de thon qui doit donner du travail à toute la ville !

 

La petite ville est délabrée, mais proprette et je lui trouve du charme

Nous profitons d’un bon repas et d’une très bonne (à mon goutJ) bière locale à tout petit prix car le niveau de vie ici est bas et Levuka est loin d’être une ville touristique.

Les épiceries locales ne sont pas extraordinaires, mais depuis Raiatea je n’avais pas vu autant de marchandises sur les rayons et je suis ravie. Les Fidji sont producteurs de farine (ils fournissent la Polynésie) et pour la première fois depuis longtemps je peux choisir entre plusieurs sortes de farines, de riz de légumes secs…le luxe quoi ! J

Certaines boutiques exposent d’immenses tapas (« tissus » fabriqués à partir d’écorces de certains arbres). Ce sont des pièces qui sont utilisées dans les cérémonies. Quand on connait le travail qu’il faut pour 1 seul cm² de ce « tissu », je reste pantois.

 

 

Nous n’avions (malheureusement) pas beaucoup de temps pour visiter les Fidji : je dois retourner travailler et Martial veut laisser Ylang en Nouvelle Calédonie. Nous avons décidé de passer entre les 2 plus grandes îles.

Dés le lendemain nous longeons la côte jusqu’à l’extrême nord de l’île principale. Le temps est (encore) maussade et le décor est « tristounet » : épave.

Les villages que nous voyons sont plus ou moins abandonnés, et pour renforcer ce sentiment de désolation nous croisons un cheval mort flottant à la dérive !!

Les collines sont déboisées …surexploitation du bois ? Ce qui nous conforte dans cette idée sont les billets de banque. Ils représentent les principales activités du pays et celui de l’exploitation du bois vaut 20$ Fidjien.

Arrivés à la pointe nord de l’île le paysage change, il devient plus agricole, les maisons sont habitées J et le soleil revient.

C’est le début d’un chenal dans la barrière de corail : heureusement que la carte est juste car le balisage est vétuste…

 

Tous les yeux sont nécessaires

 

Nous irons mouiller à Nanau-i-Ra petite île à la pointe nord de « Suva Island ». Changement complet d’ambiance : cette île est investie par de riches Australiens et Nouveaux Zélandais qui y ont construit des maisons secondaires et les quelques locaux qui habitent l’île sont les gardiens.

 

Evidemment ici le réseau wifi fonctionne à merveille et nous pouvons nous mettre à jour J

Le coté sous le vent bien abrité est celui qui concentre le plus de maisons. Mais l’ambiance est bizarre : il n’y a pas grand monde en ce moment, la plupart des maisons sont vides… impression de décors de cinéma…

 

Le coté au vent est réservé aux (bons) windsurfers et autres kitesurfeurs.

 

Nous reprenons notre route pour suivre la côte nord. La navigation est idéale : vent ¾ arrière, génaker, nous avançons à 8 nœuds très confortablement. Le paysage défile, aride. Nous slalomons de temps en temps dans des platiers mal balisés, mais comme il fait (enfin) beau nous pouvons les visualiser.

 

 

 

En rentrant dans la baie où nous passerons la nuit, nous repérons un genre de pension de famille. Nous décidons d’y aller diner. Le lieu est sympathique mais nous avons rarement aussi mal mangé : une demi patate bouillie et un quart de poisson bouillit aussi avec la peau et les arêtes !! Heureusement la bière est toujours aussi bonne J !

Nous aurons un superbe coucher de soleil sur notre prochaine étape : les îles les plus à l’ouest des Fidji les Yasawa group.

Le lendemain le trajet se fera toujours ¾ arrière, mais plus sportif… Nous arrivons dans une grande baie Soso Bay sur l’île de Nativi. Il y a un bateau de touristes qui arrive en même temps que nous dans la baie.

 

Le village au fond de la baie est fait de petites cases et d’allées en béton.

Quelques femmes vendent un artisanat …médiocre ! Les gens ne sont pas riches, mais les enfants sont souriants.

 

Tous les touristes étant repartis sur leur cargo nous trainons un peu sur la plage, en regardant les pêcheurs.

 

C’est là qu’un homme vient discuter avec nous, aussi curieux de nous, que nous de lui. La France, c’est loin, il connait… Zidane est un bon joueur ! Il nous explique que le lendemain, dimanche, les gens vont chanter à l’église et que l’on peut y assister. Nous y seronsJ.

Le lendemain, tout le monde est sur son 31 : les femmes et les petites filles sont en robes fleuries et portent même des bijoux en or !

 

L’église est pleine, autant de touristes que de locaux. Après le prêche c’est la chorale tout de blanc vêtue, hommes et femmes, qui prend la relève…et ils chantent bien, même si cela ne vaut pas un bon Gospel J

A la sortie, tout le monde est joyeux, se laisse prendre en photo…même les notables :

Cravates, jupes, tongs…dépaysant non ?

Nous avions amené un sac de t-shirts trop petits et des jouets …c’était la fête sur la plage.

Nous avons même eu de l’aide pour remettre l’annexe à l’eau…

 

Nous entamons ensuite une descente à travers un chapelet d’îles et d’îlots bordés de plages magnifiques.

Certaines cachent un village local

 

D’autres un hôtel luxueux

 

 

Soirée-snorkling dans un mouillage désert avec un petit gout de Marquises…

Adrien ira même surfer avec le kayak

 

 

Le lendemain, la mer est un lac

Des dauphins nous accompagnent

Nous aimerions rester plus longtemps pour explorer ces îles et les fonds (nous voyons partir des bateaux de plongée des hôtels) mais le temps presse

 

Nous nous dirigeons vers Malolo Island, l’île la plus proche de la grande île(12milles soit 22km) et de l’aéroport international de Nadi. Il y a sans arrêt des navettes qui arrivent et repartent, autant dire que l’ambiance est touristique ++.

Il faut dire qui le décor est idyllique. Le premier propriétaire de cette île fut Louis Armstrong, (dans mon guide il est noté que si ce n’est pas cette île ci qui l’a inspiré pour écrire « a Wonderful World », les Fidji dans leur ensemble y sont pour beaucoup !). L’île fut revendue plusieurs fois et le dernier propriétaire a remplacé la plantation de cocotiers par le premier resort des Fidji.

Nous arrivons à marée basse par le nord

 

Nous rentrons dans le lagon en fin de matinée avec une mer digne d’un lac.

La forme naturelle de l’île en fait un bon abri.

 

On peut passer à pieds secs entre les deux îles à marée basse. Le décor est artificiel-américanisé mais l’ensemble est assez agréable.

 

Nous nous promenons en annexe dans le port (qui a un petit air de port grimaud avec des canaux et ses maisons au bord de l’eau).

Nous déjeunons sur place…repas qui aurait pu être servit en Californie…

Il y a un petit supermarché, où les prix sont beaucoup plus proches de ceux de la Polynésie que de ceux de Levuka…

Il y a pas mal de bateaux au mouillage, bref l’ambiance est très différente de celle des jours précédents où nous étions seuls !

La côte semble très proche et pourtant le lendemain nous restons bloqués, le vent est trop fort et pile face à nous et ce n’est que le surlendemain que nous traverserons, un peu secoués mais ça passe ! Nous nous dirigeons vers Port Denarau.

C’est un port qui est à 1/4d’heure de l’aéroport et c’est de là que partent les navettes vers les différentes îles. Juste derrière la marina, se trouvent les grands hôtels (Sheraton, Hilton, Radisson etc…) et un golf. Les boutiques et les restaurants de la marina sont dignes de ceux de la côte d’azur. Il y a beaucoup de monde jusque tard dans la nuit, qui fait la fête.

Nous prenons un bus pour aller à la ville « normale » voisine : Nadi.

 

 

La ville est sans charme, mais nous retrouvons la vie et les prix Fidjiens. (Du coup nous achetons des shorts à Adrien en vue de la prochaine rentrée scolaire.)

Le pays est assez surprenant par son mélange ethnique. Au début du XIXème siècle, énormément d’indiens sont venus travailler au Fiji dans les plantations de canne à sucre. Bosseurs et féconds, ils ont prospérés, à tel point qu’à présent, ils détiennent la vie économique du pays et constituent 45% de la population fidjienne ! Il y a très peu de métissage entre les indiens et les mélanésiens ; ils vivent en bonne entente mais côte à côte. Ici, on parle anglais, mélanésien et hindi.

La culture indienne est très présente : de belles indiennes se baladent en sari et nous mangeront dans un resto indien …

J’aurais aimé acheter quelque chose à cette gentille dame, mais les ceintures qu’elle confectionne sont très difficiles intégrer à une tenue européenne.

Le port Denarau est proche de la passe qui nous permettra de partir vers la Nouvelle Calédonie, mais malheureusement, il n’y a pas de bureau où nous pouvons faire notre « clearance » de sortie. Nous sommes donc obligés de repartir au nord vers Lautoka, la grande ville voisine.

Sur le trajet nous nous arrêtons dans une marina Vuda Point, mais qui est bondée et nous n’aurons pas de place. Ylang nous attends sagement à la bouée de quarantaine à l’extérieur

Pendant que nous nous offrons un bon repas dans un bel endroit.

 

C’est exagéré mais c’est bon ! J

Dès le repas englouti, nous repartons pour Lautoka.

L’arrivée n’est pas très engageante, la ville étant très industrialisée.

Mais nous trouvons un mouillage assez agréable à ¼ d’heure d’annexe derrière une petite île.

 

Cette petite île nous donnera de splendides couchers de soleil.

 

Il y a 2 usines juste derrière le port : une de canne à sucre

Et une autre de copeaux de bois. Tous les matins le pont est recouvert de cendres qui laissent des traces noires sur le pont au grand désespoir de mon capitaine.

La ville n’a pas de charme non plus, mais a des supermarchés très bien achalandés aux prix Fidjiens et je remplis mes placards. Nous avons mangé à 3 pour 10€  en ville ! et nous trouvons un réseau wifi que nous captons (avec l’antenne) depuis notre île pour 5€ en illimité pour 7 jours …et ça marche bien !! Ici nous sommes riches ! à Denareau nous étions prolétaires …tout est relatif…pays de contrastes.

A l’entrée de la ville un McDo …lieu « rêvé » pour combler le manque d’expresso de Martial. Si les menus sont classiques, l’uniforme et le sourire sont Fidjiens.

Il y a aussi un immense marché, je suis aux anges J

 

Avec les Fidji, nous découvrons le kava qui a une place centrale dans la vie Fidjienne.

C’est une boisson faite à partir de la racine d’un poivrier sauvage appelé methstyicum piper. L’arbuste n’est pas très grand mais ses racines sont énormes

Traditionnellement les racines sont mâchées et crachées dans une feuille de bananier puis filtrées. Aujourd’hui ces racines sont broyées en une fine poudre et mélangées à de l’eau.
Le kava, interdit dans plusieurs pays dont la France (à l’exception de la Nouvelle Calédonie où il est toléré) contient des substances anxiolytiques et anesthésiantes. Sa consommation ne présente ni accoutumance ni dépendance, C’est une boisson trés répandue dans les îles du Pacifique sud: Vanuatu, Fidji, Wallis…

Traditionnellement, le kava a une place importante dans la coutume mélanésienne, il y a la cérémonie du kava. Elle est encore pratiquée dans les grandes occasions…et pour les touristes.

Je ne voulais pas quitter les Fidji sans en avoir vu une et nous décidons d’être de « vrais » touristes le temps d’une journée.

Nous sommes seuls dans le mini bus, et nous roulons à peu prés 2h en remontant « la Ba river ».

Nous nous dirigeons vers le village de Navalo. C’est un village vieux de plus de 200ans et qui est resté traditionnel. Ils vivent de l’agriculture et du tourisme. Au détour d’un virage, nous découvrons le village. Notre guide nous explique, que le dernier cyclone a détruit pas mal de leurs cases et que le gouvernement (ou la croix rouge ?) leur prête des tentes (ce sont les points bleus sur la photo) en attendant qu’ils puissent reconstruire. Il faut dire que le matériau nécessaire à la construction des toits n’a pas finit de pousser….

 

Avant d’arriver au village, nous traversons une rivière où les enfants jouent : nous sommes dimanche et ici aussi c’est relâcheJ

A notre arrivée nous avons un rapide coup d’œil sur le village. Je m’étonne de grandes allées et notre guide nous explique que le village vu du ciel a une forme de croix car ils sont très religieux.

Voici une maison traditionnelle avec son sous bassement en pierre et ses murs tressés.

Et en voici une en attente de reconstruction

 

Nous sommes rapidement invités pour la cérémonie du kava chez la dame qui sera notre guide du village. Les participants doivent être assis en cercle.

 

Notre guide (ici en bleu) a amené plusieurs sachets de poudre de Kava. Ils en vident un dans une sorte de grosse chaussette.

 

Le linge remplit de kava sera trempé dans l’eau et essoré de nombreuses fois, dans un grand bol appelé Tanoa.

 

Traditionnellement le bol est en bois avec des pieds

 

Un homme avec sa guitare viendra ensuite chanter et tout le monde l’accompagne en tapant des mains.

Des petits bols (demi noix de coco) appelés Bilo sont ensuite distribués à chacun. L’homme à la guitare fait office de chef et c’est lui qui sera servit en premier. Et ce sera ensuite à chacun à tour de rôle. Lorsque que l’on vous tend votre bol, il faut taper une fois dans ses mains et dire: «Bula! ». Il faut boire le bol d’une seule traite avant de dire à nouveau « Bula! » et frapper trois fois dans ses mains. Pour une politesse supplémentaire, vous pouvez aussi dire «Vinaka» (merci). Et ainsi de suite jusqu’à vider le grand bol, le Tanoa.

 

Ce kava a un gout d’eau boueuse (dégeu ) et je capitule assez vite. Et malgré la bonne volonté de mes hommes nous ne finirons pas le Tanoa.

Sur l’instant cela ne nous a pas fait un grand effet (à part un petit engourdissement des lèvres, qui est normal puisque c’est un relaxant musculaire), mais par la suite à tour de rôle nous « tomberons » : Adrien dormira profondément dans la voiture au retour, moi je m’endors pendant 1/2h arrivée au bateau et un peu plus tard ce sera le tour de Martial…nous sommes très détendus !!

Après cet « apéro » notre hôtesse nous emmène visiter le village.

Ce jour là il y avait une grande fête et ils avaient tué un bœuf. Il y a un repas communautaire qui est servit.

 

Chacun amène son assiette, les enfants servit en premier attendent sagement leur tour et vont ensuite manger tranquillement dans un coin du village.

Elle nous entraine ensuite vers l’église

C’est là que je me ferais expliquer ce qu’est ce bois creux en forme de bateau : en tapant dedans cela résonne et fait office de cloche !

 

Juste à coté, une école a été construite par l’Unicef et les dons sont bienvenus…

 

 

 

Nous retournons chez notre hôtesse qui nous offre des colliers et un repas : poisson, poulet, riz et manioc…

 

Pour une journée nous avons changé de monde et même si il y a une part de folklore (nous ne sommes pas dupes), je suis contente d’avoir vu tout cela avec l’impression que tout pourrait disparaitre assez vite…

Notre trop court séjour aux Fidji s’achève. Nous garderons le sourire et la gentillesse des gens en prime de paysages magnifiques et d’un pays contrasté.

94.TONGA

La traversée de Niue aux Tonga se fait tranquillement en 2 jours. Nous ne forçons pas car nous voulons arriver de jour. Le seul fait marquant de cette traversée est que nous passons la ligne de changement de date. Et d’un coup de mardi, nous sommes mercredi ! D’un coup des derniers à vivre cette journée nous devenons les premiers ! Nous avions 12h de retard en Polynésie par rapport à vous en France et maintenant nous avons 11h d’avance ! Je me fais des nœuds au cerveau et la notion de relativité prend toute sa place dans ma tête à ce moment là.

Je réalise aussi à ce moment là que tranquillement, sans vraiment s’en apercevoir nous avons fait une bonne moitié de tour du monde ! Que de souvenirs me reviennent ! J’ai l’impression d’avoir vécu beaucoup plus de choses ces 4 dernières années que les 10 précédentes….Et pourtant mon envie de voyager, découvrir, rencontrer, gouter (ça c’est mon coté gourmandeJ) reste intacte et la mer me fascine toujours autant.

Nous arrivons au lever du jour au nord des Vava’u . Les Tonga comportent plus de 160 îles coralliennes et volcaniques dont seules 36 sont habitées. Elles sont divisées en 3 groupes d’îles. Nous pensions dans un premier temps nous diriger vers Nuku’alofa, la capitale, mais la rencontre d’un navigateur irlandais et son globe-stoppeur français nous fait changer nos plans. Nous nous dirigeons vers le nord des Tonga (groupe Vava’u) et ferons ensuite un passage aux Fidji avant la Nouvelle Calédonie ultime étape de notre voyage.

 

Le groupe Vava’u est un labyrinthe d’îlots et de récifs qui offre un très beau bassin de croisière qui devient de plus en plus touristique.

Le paysage change complètement : impression de baie d’Along…

 

Nous sommes accueillis par des baleines, qui sont nombreuses à venir mettre bas dans ces eaux.

Nous remontons ensuite le canal pendant une bonne heure pour arriver à Neiafu capitale des Vava’u.

C’est une naviguation calme et reposante. Les berges couvertes de végétation cachent quelques jolies maisons .

Après un dernier virage, nous nous dirigeons vers le quai d’accueil à l’entrée de la ville.

Il y a déjà 4 bateaux en attente (arrivés dans la nuit). Il faut s’armer de patience. Finalement en fin de matinée, un homme âgé, fatigué et visiblement très malade, vient à bord pour une paradoxale inspection sanitaire ! Il nous pose quelques questions, remplit avec difficultés son formulaire et s’en va. Il faudra attendre l’après midi pour que les douanes et l’immigration nous visitent. En attendant nous pouvons observer des cochons qui se baladent en toute liberté, nous en verrons un peu partout par la suite.

Tout le monde est souriant et plutôt avenant. Les hommes ont la chemise réglementaire avec épaulettes (quasi internationale), tatouage et barbe, mais par contre… une jupe pour le bas. Dépaysant J

Selon une légende, un groupe de marins serait arrivé en bateau au Tonga, leurs vêtements déchirés par la tempête. Ils taillèrent alors la voile de leur bateau, pour s’en draper. L’empereur, ému de leur sacrifice pour lui apparaître présentables, décréta que cela constituerait désormais le vêtement de cérémonie.

Au XXe siècle, la reine (les Tonga sont une royauté indépendante) décida que le ta’oval ferait partie de l’uniforme des fonctionnaires, et des scolaires.

Le ta’ovala traditionnel est constitué d’une natte enroulée autour de la taille et retenue à la taille par une kafa, porté tant par les hommes que par les femmes.

 

 

Les formalités d’entrées finies nous partons prendre une bouée. Nous avons l’impression d’être sur un lac, entièrement entourés de terres. Nous réussissons à avoir une bouée face au restaurant qui fait office de Yacht club et récupérer le wifi. C’est un détail qui aura son importance, car nous aurons 8 jours de pluies incessantes et le wifi (quand il marchera) nous permettra de nous évader…

Les gens se déplacent d’une rive à l’autre en « bus-navette »

 

La population de l’archipel de Vava’u est de plus de 16 000 habitants, et plus d’un tiers vit dans la ville principale de Neiafu, la seconde plus grande ville de Tonga. Mais cela reste une très petite ville. Par contre je découvre avec ravissement le marché bien achalandé…des mois que je n’avais pas vu des tomates et des concombres! Je fais rapidement le plein.

Des quantités impressionnantes de pastèques, manioc, tarots…

Attenant à ce marché, un marché d’artisanat dont la spécialité est la sculpture sur os de baleine. Si les prix sont plus attractifs qu’en Polynésie, les sculptures sont moins fines.

Les Tongiens sont très pratiquants à tel point que toute activité (même touristique) est interdite le dimanche.

 

 

Nous avons eu deux jours de beau temps où nous avons fait une petite sortie avec Ylang.

Nous reprenons le canal en sens inverse

 

Nous suivons un catamaran made in Tonga, tout en bois vernis

 

 

Les îlots pour la plupart sont bordés de petites falaises, criblées de petites grottes.

 

Nous « jouons » à cache cache avec les autres bateaux dans ce dédalle.

 

Nous faisons une petite pause à Port Maurelle devant une plage de sable blanc aux eaux cristallines. Mais il ne fait pas chaud et il n’y aura que Martial qui se mettra à l’eau (officiellement pour vérifier l’ancreJ)

Nous continuons dans ce labyrinthe jusqu’à îlot Avalou où nous passerons la nuit avec quelques grains.

Le lendemain nous ferons le tour de l’île Vaka’eitu.

 

 

Nous nous mouillions à l’intérieur d’une petite mer intérieure formée par l’île de Vaka’eitu et l’île de Nuapapu. L’isthme qui les sépare se couvre et se découvre en fonction des marées, le paysage change.

 

Nous attendons la marée haute pour traverser l’isthme et aller faire un peu de snorkling à l’extérieur des îles avec les nodis (oiseaux à tête blanche). Si le corail est en bon état, à part un requin pointe blanche nous ne ferons pas de rencontre.

 

Le lendemain, la pluie a redémarré nous rentrons donc à Neiafu.

Nous aurons 4 jours de pluies continues, où nous avons du mal à sortir ! En pleine saison sèche qu’ils disent !! Même le wifi a du mal à fonctionner…

A la première accalmie annoncée par la météo, nous quittons les Tonga sous un ciel de plombs mais avec un plein de fruits et légumes. J

A la sortie du canal, je lance un « en fait nous n’avons pas rencontré les Tonga » qui fait rire mes hommes mais qui résume bien le sentiment que j’ai au départ de ces îles.

 

 

 

 

 

93.NIUE

Nous quittons Mopélia avec un gout de « reviens-y-vite » pour reprendre notre route plein ouest. Le parasailor est de nouveau de sortie et nous parcourons 130 à 160 milles /jour. Le 3ième jour un gros grain nous oblige à ranger notre voile préférée. Les 24h suivantes seront agitées. Mais heureusement cela se calme et nous relançons le parasailor. Un après midi où nous étions perdus à d’intenses activités (sieste, lecture, musique, jeux vidéo… J), nous entendons un appel à la VHF ! Cela fait 4 jours que nous sommes partis et depuis notre départ nous avons croisé …attendez que je calcule bien…2 oiseaux ! Un grand désert. Branle bas de combat, nous bredouillons un Yes ? un peu étonnés. En fait nous croisons à 1 mille un cargo que nous n’avions pas vu ! Lui par contre nous a bien repérés : merci l’AIS (système qui émet et donne à tout moment notre position dans un rayon de 6 milles) et le Parasailor voile atypique (le notre jaune citron est visible de loin). L’homme de quart doit s’ennuyer, car il entame une conversation : d’où venez vous ? Où allez-vous ? Depuis combien de temps naviguez-vous ?…Ce sera le seul fait marquant de cette traversée.

 

Le 6ième jour après le départ, nous réalisons que nous ne pourrons arriver de jour à Niue d’autant que le vent tombe. Nous finirons avec grand voile, génois, moteur et 2 noeuds de courant contre, évidemment sinon ce n’est pas drôle !…nous serons quand même obligés de faire des ronds dans l’eau pour attendre le lever du jour.

Nous voilà donc arrivés à Niue (prononcez ni-ou-é), qui est une île atypique à plus d’un titre. C’est un État libre (autonome) sous protectorat de la Nouvelle-Zélande. Elle couvre une superficie de 258 km² pour 2000 hab (il y a de la place ! J). C’est donc l’un des plus petits États au monde. La capitale est Alofi, le village le plus important de l’île avec plus de 800 habitants.

Mais Niue est aussi une des plus grandes des îles coralliennes au monde et elle s’est soulevée suite à une « flexure de la lithosphère » (merci Layang J) . C’est donc une île haute, ronde et sans lagon… donc pas de possibilité de mouillage en eau peu profonde.

Heureusement, le Yacht Club de Niue a installé 18 corps morts pour les bateaux de passage. (pour les terriens pas d’images macabres: un corps mort en langage marin est un bloc de ciment auquel on a attaché une corde et une bouée pour que les bateaux puissent s’amarrer dessus)

 

 

Les vents dominants étant d’est, la « baie » d’Alofi est relativement à l’abri…et surtout on a pas le choix.

 

Autre particularité de Niue est qu’ils n’ont pas de port, ni de plage où débarquer. Ils ont installé un grand quai mais il est impossible (trop de houle) d’y laisser son annexe amarrée à l’eau !

 

Descendre à terre est une « aventure » ici. Il faut d’abord s’approcher des escaliers (glissants évidement), sauter hors de l’annexe en calculant bien en fonction des vagues (sinon c’est la douche assurée). Ensuite il faut passer le crochet de la grue à Martial (qui en temps que bon capitaine est toujours le dernier à quitter le navireJ)

 

 

Pendant la saison cyclonique, les bouées sont enlevées et personne ne peut aborder à Niue, et cela se comprend au vue de certaines photos…

 

Le premier jour nous avons rdv sur le quai avec les autorités. Ils sont 3 dans une voiture, mais au moment de faire les papiers, ils ont oublié un tampon ! Du coup ils nous emmènent en « ballade » jusqu’à un bâtiment qui regroupe toutes les administrations de l’île. Les gens sont très gentils et après une 15ene (!!)de pages d’écritures, nous obtenons le sésame d’entrée.

C’est la saison des baleines et à notre arrivée, nous avons pu observer 2 souffles à une centaine de mètres. La première nuit je suis réveillée par des cris, qui ressemblent à des cris de bébé ! Je sors sur le pont, rejointe par Adrien (de mauvaise humeur d’avoir été réveillé)…c’est quoi ça ? beugle-t-il. Je ne sais pas…la nuit est très noire, pas de lune, je n’arrive pas à distinguer l’horizon ! je stresse un peu, les cris continuent sans que je comprenne d’où ils viennent. Et tout à coup à 1m derrière le bateau un énorme souffle…crise cardiaque assurée ! puis deux autres un peu plus loin…Les baleines s’éloignent, et mon stress est remplacé par la frustration de ne rien pouvoir voir…

 

Le matin autour d’Ylang, passent des va’a (appelés vaka ici), mais bien différents des va’a polynésiens. Ici les pêcheurs n’ont pas de bateaux à moteur et c’est en va’a (plus facile pour les mises à l’eau) qu’ils vont pêcher ! Les va’a sont en bois et les pêcheurs rament peu …ils pêchentJ. C’est comme un voyage dans le temps de la pêche polynésienne. Les pêcheurs polynésiens ayant maintenant des bateaux à moteur, le va’a est devenu un sport national.

 

 

 

 

 

Nous avons décidé de passer par un professionnel pour nous faire visiter l’île, l’agence Commodore, et nous ne le regretterons pas. Au delà des lieux que nous visitons, notre guide nous parlera de l’histoire de Niue.

Départ sur le quai à 8h (c’est tôt pour nousJ). C’est un couple de Néo-zélandais qui sont venus s’installer sur l’île il y a une 15ene d’années et font visiter l’île avec cœur. C’est Madame (qui a appris le français à l’école) qui conduit notre mini bus et qui répond à nos questions sur la vie locale. Nous ferons toute la côte ouest de l’île.

 

Niué compte actuellement 1500hab mais ils étaient 5200hab en 1966 !

En 1974, la Nouvelle-Zélande accorda l’autonomie politique à l’île «en libre association avec la Nouvelle-Zélande». Ce statut permettait aux Niuéens d’obtenir citoyenneté néo-zélandaise tout en maintenant l’autonomie dans leur propre pays. Mais surtout d’après notre guide, les Niueens ont pu avoir un passeport (ils n’étaient pas reconnus par la convention de Genève jusque là !). A partir de là les gens ont voyagé, émigré …et c’est la naissance d’une croyance : l’oiseau de fer (l’avion) mange les gens, puisqu’ils ne reviennent pas ! J

Néanmoins, l’île dépend tellement totalement des subventions de la Nouvelle Zélande (six millions de dollars US annuellement pour 2000 habitants !) et notre guide nous explique que les Niueens qui reviennent sur l’île ont une meilleure retraite (une façon pour la Nouvelle Zélande de repeupler le pays).

Niué compte 411 fonctionnaires !

Un candidat à la présidentielle a fait la promesse d’augmenter les salaires des fonctionnaires de 20%. Il a gagné les élections (évidemmentJ) mais n’a pas pu tenir ses promesses (évidemmentJ). Du coup il leur a offert un jour de travail en moins par semaine et les fonctionnaires de l’île travaillent 4 jours ! Cool…

 

Nous commençons par la côte sud, sauvage. Notre guide, nous fait découvrir des petits coins « secrets », des petites plages désertes.

Nous découvrons ensuite un arbre à papillons !

 

 

Nous descendons ensuite dans la « crique » où James Cook a tenté de débarquer en 1774.

 

 

Les guerriers de l’époque se montrèrent très agressifs (lèvres peintes en rouges) et Cook repartit sans vraiment poser le pied à terre. En raison de l’hostilité avec laquelle il y avait été reçu, il la baptisa « île des Sauvages » et décida néanmoins qu’elle serait territoire britannique. Le capitaine Cook avait tracé l’île sur ses cartes.

Évidemment, les Anglais n’ont jamais demandé aux insulaires ce qu’ils pensaient de se faire gouverner par des étrangers! Ils se sont retrouvés devant le fait accompli.

L’eau de la crique comme celle de toute l’île est cristalline et nous permet d’observer des « tricots rayés ».

 

Les tricots rayés sont des serpents marins. Ils se nourrissent en mer [][][] mais vivent la plupart du temps sur terre[][] pour digérer, muer, se reproduire ou pondre.[] Serpents au venin mortel (leur morsure équivaut à dix fois celle du cobra royal), ils ne sont pas du tout agressifs et restent très craintifs. Les morsures sont extrêmement rares. Certains disent que du fait d’une bouche trop petite, le seul endroit où il peut mordre est la peau entre les doigts[][].

En Janvier 2004 le cyclone Heta ravage l’île. Des pierres, des rochers ont détruit les habitations. La population s’est réfugiée sur un point haut de l’île(60m). Seuls 2 habitants repartis pour essayer de sauver leur maison sont décédés.

Les habitants ont dégagé les pierres, et elles sont encore en place sur le bord de la route. C’est impressionnant de voir que de tels rocks ont été projetés par la mer sur l’ile (entourée de falaises de 25m de hauteur !)

La route est bordée coté mer de tombes : cela permet aux esprits de partir plus facilement…

 

 

 

 

Nous suivons la côte vers le nord et des petits sentiers, perpendiculaires à la route mènent à des grottes, des caves avec des vues splendides sur la mer.

 

Ces grottes sont devenues un lieu où les jeunes néozélandais viennent se marier, une façon pour l’île de promouvoir son tourisme.

 

Il y a aussi des criques superbes, avec toujours cette eau cristalline.

 

Des piscines naturelles

Le Matapa Chasm est « équipée » d’un plongeoir réservé aux grimpeurs…

 

Le matin de notre départ un cargo de ravitaillement arrive et jette l’ancre à coté de nous. Ils déchargent des containers avant de les gruter sur le quai : spectacle assuré

 

Nous sommes restés une semaine à Nuié où en plus des paysages nous avons apprécié la gentillesse des gens et …les délicieux plats indiens d’un petit restaurant local.

Fakaalofa lahi atu c’est plus long mais cela veut dire Iorana et le sourire est tout aussi présent.


 

 

Merci à l’équipe Commodore pour sa visite et ses photos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

92.MOPELIA

Il y a 3 atolls (Maupihaa, Scilly, Motu One) perdus à l’extrême ouest de la Polynésie et qui dépendent de Maupiti. Mopélia (Maupihaa en Polynésien) est situé à 100 milles (180km) de Maupiti. Ce sera notre prochaine escale, et nous partons vers 15h de Maupiti pour pouvoir être vers 7h devant la passe de Mopélia.

Le jour du départ de Maupiti, nous chargeons des paquets.

Finalement, il y en a moins que ce que j’attendais, mais « un cargo est passé la semaine dernière » et nous sommes 2 bateaux à partir et le second, Ratafia, en a pris une partie.

Marc de Ratafia nous a donné les waypoints (= points GPS pour les marins) pour la passe de Mopélia, car les cartes électroniques sont fausses. Et c’est vrai que les CM93 le sont :

 

Par prudence, nous avons 3 systèmes de cartes électroniques  différents: notre carte Isailor s’est révélée correcte, et nous n’avons pas allumé notre Cmap, trop occupés à regarder la passe. Suivant les conseils de Marc, nous arrivons vers 8h du matin, au moment où c’est le plus calme.

La passe de Maupihaa a autant     mauvaise réputation que celle de Maupiti, mais dans un genre différent.

 

Elle est dite dangereuse en raison sa largeur (20m) et de son courant : 3 nœuds quand on est passés à l’étale, mais cela peut aller parait-il jusqu’à 9noeuds ! Certains bateaux n’ont pas osé prendre la passe car ils ont dit avoir vu « un fleuve sortir » !!

Ce qui est impressionnant, est qu’on a l’impression que quelqu’un a taillé une tranchée dans le platier. La profondeur passe brutalement de 50cm sur le platier à une 20ene de mètres dans la passe.

Mais pour être honnête, pour nous ce fut assez facile.

 

Nous sommes accueillis par Jane de Ratafia via la VHF. Nous avons le soleil dans les yeux et nous les voyons à peine. Oui ! car la passe se traverse avec minimum 3 nœuds de courant contre, ET le soleil dans les yeux sinon ce n’est pas « fun » J. Elle nous rassure : dans l’atoll il n’y a pas de dangers.

Nous jetons l’ancre à coté d’eux au nord de l’atoll.

Dès notre arrivée Marcello et Albert viennent prendre livraison de leurs paquets et en profitent pour nous inviter à manger chez eux, chacun un soirJ. Mais ils ne sont pas les seuls à venir à notre rencontre : Jobi et Joba nous ont envoyé leurs cousins…

Le Pb est que ce sont des requins gris beaucoup moins fréquentables que les requins à pointes noires…nous faisons plus attention…

L’après midi, nous descendons à terre chez Marcello. Il vit là avec sa femme Adrienne et leurs deux filles. Voici l’équipe féminine avec Jane.

Ils nous offrent des noix de coco fraichement ouvertes en guise de verre de bienvenue. Marc nous explique que Marcello fait office de maire sur l’atoll. Il y a 18 personnes qui y vivent.

Ratafia est déjà venu de nombreuses fois et Marc et Marcello se retrouvent comme des vieux copains.

Marcello et ses filles ont divisé l’atoll en 78 parcelles de 200m de rivage sur la largeur de l’atoll. Une coopérative a été crée et chaque habitant de Maupiti qui le désire peut demander une parcelle pour y vivre et cultiver le coprah.

 

 

S’il y a eu des Pb de cohabitation dans le passé, aujourd’hui tout le monde semble vivre en harmonie, et l’atoll petit à petit se repeuple. Nous faisons une ballade le long de la plage où nous pouvons observer une lutte entre deux Bernard l’Hermite. Il faut dire que le plus gros avait la plus petite coquille et il trouvait cela très injuste J

En rentrant Marc nous offre du poisson : il a péché 2 gros thons en arrivant sur Mopélia !!

Le lendemain nous partons pour faire du snorkeling dans la passe. Nous passerons un bon moment : les coraux sont encore en bon état, nous voyons pas mal de requins pointe noire, un requin gris, une tortue et un énorme thazard. Ce n’est pas du niveau de la passe de Fakarava sud mais c’était agréable, avec un courant de plus en plus difficile à gérer au fur et à mesure que nous approchions de la sortie.

Nous reprenons l’annexe et nous sortons. Martial et Adrien feront quelques brasses sur le platier externe dans une eau cristalline avec une visibilité vertigineuse.

Le soir nous dinons chez Albert, dont la maison est située au sud de celle de Marcello. Le menu est digne des plus grands restaurants : langoustes grillées

 

 

 

Salade de poisson cru, salade de concombres (qui poussent sur l’atoll !) avec des œufs de sternes, poulet grillé.

Pieds dans le sable et vue mer imprenable : on est des rois !

Il y a un motu pas très loin de la passe où se rassemblent beaucoup d’oiseaux et c’est là qu’ils vont chercher les œufs de sternes. Le gout est très proche du gout des œufs de poule, je pensais qu’ils auraient un peu plus de différence, plus de goût de poisson.

Marc nous explique que pour avoir des œufs de sterne, il faut : délimiter un périmètre, jeter tous les œufs qui s’y trouvent et revenir 2 à 3 jours plus tard : les oiseaux pondent à nouveau un œuf qui est forcement frais… pas très sympa pour les oiseaux mais efficace.

Jane et moi avions fait des gâteaux, que nos hôtes ont beaucoup appréciés.

Un cousin d’Albert est arrivé en « poti marara » ( barque de pêche polynésienne de 7 à 8 m d’envergure avec manche à balai en guise de barre de gouvernail et moteur de 300ch inboard ) de Maupiti (5H pour faire 100 miles !!) dans l’après midi. Il a péché un énorme thazard de 40kg !! Le poisson sera partagé entre tout le monde et nous aurons une grosse part. Mais ce n’est pas tout : nous repartons les bras chargés de langoustes et de salade de poisson dont nous nous sommes régalés pendant 2 jours ! Quel accueil ! Quelle gentillesse !!

Le lendemain nous faisons une ballade sur l’atoll.

Il y a une route et quelques véhicules qui leur permettent de transporter les cocos et aller d’un bout à l’autre de l’atoll. Nous croisons Hio le fils de Marcello et Adrienne.

C’est un très bon mécanicien, il a eu une formation de mécanicien de marine et rend beaucoup de services sur l’atoll.

Il part réparer un groupe au sud.

Chacun a à cœur d’aménager son petit coin

Nous passons par la maison de Ferdinand (nous avions croisé sa femme restée à Maupiti pour se faire soigner ses dents). Elle est faite de tôles, rustique mais avec une certaine recherche d’esthétique. Un tronc quelques palmes et vous avez un endroit idéal pour prendre le frais face à la merJ.

Sur notre retour Ferdinand nous a préparé un énorme sac de cocos décortiqués, prêts à boire. Cela fait qu’un an qu’il habite ici et déjà sa parcelle est accueillante !

Nous retournons chez Albert où nous avions laissé notre annexe. Lui habite là depuis plus longtemps et sa maison –chambre est plus « sophistiquée » (la cuisine est dehors et le salon-salle à manger est sur son bord de plageJ)

Il a même fait une petite case-chambre pour ses invités

Il nous offre un énorme carton de délicieuses papayes qui nous accompagnerons pendant toute la prochaine traversée.

Le soir nous partons dîner chez Marcello. Ils ont invité aussi un bateau anglais qui est arrivé le matin même. Le menu tout aussi délicieux : thazard grillé, poisson cru à la chinoise, bénitiers au curry, manioc, riz et gâteaux faits par les bateaux. L’accueil est très chaleureux, beaucoup de discussions, nous passons une excellente soirée.

Après le repas Adrienne nous offre des colliers de coquillages, qu’elle et ses filles ont confectionnés. Elle nous explique même où elles ont trouvé chaque type de coquillages.

Là aussi nous repartons avec des morceaux de thazard, du poisson cru chinois et du bénitier.

Marc nous confit que Marcello veut que Mopélia retrouve le légendaire accueil polynésien : pour nous en tous les cas c’est gagné ! Nous sommes extrêmement touchés.

Le lendemain, nous descendons voir Marcello et Adrienne.

Ils nous expliquent qu’une trentaine de bateaux passent chaque année devant chez eux et nous montrent fièrement leurs deux livres d’or (qu’ils connaissent presque par cœur !). Nous y laisserons une trace de notre passage.

Nous parlons aussi de leur vie : Marcello a eu une entreprise, a beaucoup travaillé avec du stress. Il pesait 150 kg et a fait une attaque. Comme il s’en est sortit, il a décidé de reprendre une vie plus saine. Leurs enfants ont tous fait des études. Mais ils préfèrent vivre là, car « ils sont libres, et n’ont pas un patron sur le dos ».

L’après midi nous avons une visite : un fou reste une bonne heure en notre compagnie.

 

Martial essaye en vain de lui donner à manger avec une cuillère et à la tête de l’oiseau je me dis que l’expression « une poule et une fourchette » aurait pu être « un fou et une cuillère» J

Le soir c’est Marc et Jane qui viennent prendre l’apéro. Marc a fêté ses 4 fois 20 ans (comme il dit) et il est incroyable de vitalité et de bonne humeur et Jane n’est pas en reste. Ils sont arrivés il y a 17 ans en Polynésie et n’en sont jamais repartit. « Il faut dire que c’est un beau bassin de jeux !» Ils ont tant d’histoires à nous raconter…

Une qui m’a marquée : avant à Mopélia on mangeait les tortues…comme vous j’ai toujours pensé que ce n’était pas bien… oui mais : ils allaient chercher les bébés tortues sur la plage en sauvaient beaucoup plus que ce que la nature permet habituellement. Ensuite ils élevaient ces bébés pendant un an, les nourrissaient et quand ils étaient devenus assez grands et forts, ils les relâchaient à l’extérieur du lagon (à l’intérieur les tortues seraient revenues). Bilan : ils en mangeaient une centaine mais en sauvaient 300 chaque année. Un jour les gendarmes sont venus sur l’atoll, ont vu les cages et ont tout détruit, avec menace de grosses amendes si ils recommençaient. Depuis il y a beaucoup moins de tortues….cela fait réfléchir la protectrice des animaux que je suis !

Le lendemain nous partons pour le mouillage sud. Sur la route nous croisons un champ de bouées qui servaient à une ferme perlière et qui ont été abandonnées.

Les couleurs claquent et tout dégouline de lumière.

 

 

Nous partons nous promener aussitôt.

Nous croisons Albert qui est venu rendre visite à son copain…papautages…

 

C’est la Polynésie comme on la rêve : sable blanc, cocotiers, eau turquoise

 

Décors de carte postale

 

Nous retournons le soir au mouillage du nord où Ratafia nous donne la météo grâce à sa BLU. Moi qui pensais que c’était un système obsolète je commence à réviser mon jugement : le téléphone satellite coute (très) cher, les communications BLU sont plus limitées mais gratuites. D’autre part Jane communique tous les jours avec un réseau de Blueurs : infos et convivialité en prime…

Malheureusement le temps tourne et nous devons partir…Nous rendons une dernière visite à Marcello. Martial lui a offert une ancre (trouvée en plongée qui ne nous est pas utile), il est content et nous explique pourquoi : il cherche à devenir pêcheur professionnel, pas pour vendre du poisson, mais pour avoir du gazole détaxé. Il est déjà propriétaire d’un speedboat à Maupiti. L’autonomie pour retourner vers la « civilisation » serait accessible pour lui et tous ceux de Mopélia. Mais pour devenir professionnel, il doit passer un examen (il va à Papeete le mois prochain) de sécurité, brevet de secourisme et son bateau doit être correctement équipé. Il est ravi, cette ancre lui manquait. Nous espérons du fond du cœur qu’il réussira dans son projet.

Il est temps pour nous de reprendre la route, Mopélia restera dans nos cœurs comme un dernier cadeau que nous fait la Polynésie avant notre départ. Nous la quittons après 18 mois, où nous avons été éblouis par les paysages, envoutés par la culture et le sens artistique des gens. S’il n’est pas toujours facile d’arriver dans ces îles, il est encore plus difficile d’en partir tant la gentillesse, la générosité et l’hospitalité des habitants (la palme pour nous revenant à Mopélia J) nous invitent à nous y sentir bien. Notre cœur est un peu comme notre drapeau…déchiré J.

 

Après la passe je ne peux m’empêcher de me retourner, dernières photos…

 

 

C’est sûr Mopélia restera dans nos cœurs.

91. MAUPITI

Nous quittons Bora Bora pour Maupiti vers 1h du matin. Il y a 28 miles (environ 50kms) de passe à passe, mais celle de Maupiti a mauvaise réputation et il parait qu’elle est plus calme au petit matin.

Nous arrivons avec le jour et malgré cela, le passage fut un peu rock and roll…

 

Nous apprécions d’autant plus le calme et la beauté du lagon.

Nous allons nous mouiller presque intimidés, au pied d’une impressionnante barre rocheuse, taillée à la hache, non loin de la station essence.

Sans perdre de temps nous descendons à terre. Le village, tout en longueur se pelotonne au pied de la montagne. Les maisons sont sans charme, mais bien entretenues et largement fleuries.

Nous arrivons sur une place où sont regroupées les « administrations » : le centre ville en somme J.

La poste est minuscule : un guichet, un employé et les gens attendent dehors avec un n° ! Impossible de retirer de l’argent avec une carte qui n’est pas polynésienne ! Oups il va falloir faire attention, on est un peu juste car ici tout se paye en cash ! Il y a bien un petit local de banque, mais « ils viennent une fois par mois et ils sont venus la semaine dernière » !

En face, la police et la mairie. C’est là que la réception du wifi est la meilleure. Un « adjoint » au maire me propose très gentiment de rentrer dans la salle du conseil municipal et c’est sous les photos des présidents français et polynésien que j’écrirais mes mails ce jour là ! J

 

Du coup nous discutons : il nous indique des bouées en face de la mairie où on peut amarrer Ylang…c’est gratuit, nous dit-il (nous apprendrons par la suite que c’est parfois payant…). Chouette je vais pouvoir recevoir le wifi du bateau. La vue de la terrasse de la mairie donne envie d’être maire !! J

Nous avons remarqué que dans pas mal de maisons, les gens sont occupés à faire des couronnes de fleurs et des costumes. L’adjoint nous confirme qu’il y a une fête le soir même ! C’est le Heiva de Maupiti. Ce n’est pas bien sûr le Heiva de Papeete (que nous suivons à la TV tous les soirs) mais le spectacle est très agréable, la qualité des danses et les costumes étonnante pour cette petite l’île si loin de tout.

Nous nous sommes déplacés sur une bouée en face de la mairie, non loin d’un banc de sable.

Nous regardons passer les chiens de Jésus J en promenade matinale.

Et tout à coup Martial cri : des raies Mantas ! Pas très loin du chenal, il y a une station de nettoyage (ce sont des petits poissons, les labres qui viennent manger leurs parasites et leurs peaux mortes). Mais les matins où le salon d’esthétique est surbooké, elles font sagement le tour du banc de sable en attendant leur tour J et passent à 10m derrière Ylang. Branle bas de combat, tout le monde à l’eau.

 



 

Regardez bien elles ont un cœur sur le dos !

J’avais gardé une petite frustration au départ des Tuamotus de ne pas avoir vu un ballet de raies Mantas…Maupiti a comblé largement ce manque J J

Nous sommes partis aussi explorer la barrière de corail : démarrage à pieds

 

A la vue de nombreuses coquilles de bénitiers en tas (les polynésiens les mangent), j’ai eu un peu peur, mais en fait le corail est en bon état et il reste encore pas mal de bénitiers… « la ressource est bien gérée ».

 

Nous avons loué des vélos une journée pour faire le tour de l’île (10kms pratiquement tout à plat  ça me vaJ).

Ballade agréable le long de la mer. L’île a une superficie de 12Km² pour 1250 hab., répartis plutôt au sud de l’île.

 

Nous partons du village principal Vaiea, faisons un détour vers d’invisibles pétroglyphes, et passons devant l’aéroport. Il a été construit sur un motu au nord de l’ïle…attention bien viser la piste et bien freiner, chaud l’atterrissage…

Vers midi nous sommes à la pointe Tereia. C’est une zone où l’on peut traverser à pied jusqu’au motu en face. Ici l’eau turquoise et le sable blanc semblent sortis d’une carte postale.

Contrairement à Bora, les habitants de Maupiti ont refusé l’implantation de grands complexes hôteliers (comme je les approuve ! J), et nous trouvons là de petites pensions de famille bien sympathiques.

Pour profiter un peu plus longtemps de ce petit coin de paradis, nous déjeunons sur place.

 

Que c’est dur de reprendre les vélos après cette douce pause… surtout que nous devons enchainer avec la seule côte de l’île, le passage d’un petit col.

 

 

Mais ce petit effort est largement récompensé par la vue qui nous attend en haut.

 

Des nuances de bleues qui semblent virtuelles, et elles changent sous nos yeux en fonction du passage des nuages : fascinant !

 

 

Le soir nous assistons aux commémorations du 14 Juillet. Mélange de Français et de Tahitien, mélange de chant national tahitien et de Marseillaise…nous ne savons pas trop ce qui est commémoré…

 

Nous avons fait une petite ballade sur le motu d’en face : motu Tuanai.

 

Les maisons sont très simples mais tout est tiré à 4 épingles.

 

Il y a des plantations au centre du motu.

Le retour se fera par le bord de mer en essayant de ne pas écraser un des nombreux Bernard l’Hermite qui visiblement, sont les propriétaires des lieux J

 

Au vue de la barre rocheuse, je pensais qu’elle serait imprenable. Et pourtant il est possible de monter à pied au mont Teurufaatiu, point culminant de l’île (380m). L’ascension est parfois « sportive » : Martial comme à son habitude fera la montée en tongs.

Mais il mettra de « vrai » chaussures avant la descente. Le chemin est bien indiqué et aménagé : des cordes ont été mises en place pour aider à passer les passages abruptes.

 

 

La vue au sommet est époustouflante.

 

Nous sommes avec un petit groupe de tahitiens (tous cousins évidemmentJ) qui tiennent à nous prendre en photo…pas eu le temps de m’assoir, c’est dans la boite !

 

Avant de quitter Maupiti, nous signalons à la mairie-gendarmerie que nous comptons nous arrêter à Mopélia un atoll qui dépend de Maupiti. Sur cet atoll 18 personnes vivent et n’ont le passage de cargos (pour récupérer leur coprah) que tous les 3 mois approximativement. Les voiliers de passage, en transportant quelques paquets, contribuent à améliorer leur quotidien.

La veille du départ, nous rencontrons Marc de Ratafia qui fera le trajet juste avant nous. Il nous donne des tuyaux sur la passe de Mopélia(cartes électroniques fausses, il faut arriver là aussi le matin tôt) qu’il maitrise car il est un grand habitué. Nous finissons notre forfait internet (Adrien est ravi d’avoir 2 matinées complètes d’internet !), notre monnaie polynésienne en légumes et pamplemousse. Le jour du départ nous chargeons des paquets et nous prenons la direction de la passe.

 

 

 

 

Maupiti a le charme des montagnes des îles hautes, un lagon digne des Tuamotu et toujours les sourires et la gentillesse des polynésiens : une escale de rêve, haute en couleur et en émotions que nous avons du mal à quitter.

 

90.BORA BORA

Nous partons pour un aller retour sur Bora Bora avec nos copains Mickael et Marcel. La passe se situe à l’ouest de Taaha ce qui nous permet de faire une partie de la route bien à l’abri dans les eaux calmes du lagon.

Après la passe cela bouge un peu plus, mais nos marins d’eau douce ont très bien tenu la mer.

Nous mettons une grosse matinée pour arriver à la passe de Bora après avoir longé son récif coté ouest.

La passe est franchie sans problème malgré le courant.

Et nous allons mouiller au pied de la montagne mythique, devant la ville principale de Vaitapé. Nous faisons aussitôt une petite ballade à terre. Les maisons sont pauvres, sans charme, il y a peu de fleurs par rapport aux autres îles…impression un peu décevante.

Le mouillage est profond et les rafales de vent nous arrivent brutalement dans tous les sens…impression désagréable d’être dans une essoreuse à salade…

 

 

Du coup le lendemain nous nous mettons sur une bouée du Yacht Club, plus au calme. Nous ferons le tour de la baie du Faanui à pied (environ 10km) sous un ciel maussade.

Sur le retour nous nous arrêtons à une roulotte : pizzas et steak frites…pas très exotique, mais très apprécié après cette marcheJ.

Le lendemain Mickael doit faire un aller retour avec la navette de Raiatea, pour faire sa dialyse.

Pendant ce temps nous faisons le tour du motu Toopua, par le sud. Un grand hôtel occupe la partie sud du motu, mais la moitié des bungalows semblent désaffectés.

Nous nous mouillons au nord ouest du Motu.

 

De là nous partons en annexe au motu Tapu. Il y a tout un tas de mythes sur ce motu (il appartenait à une reine et était donc interdit. Il y aurait eu des accidents inexpliqués pour ceux qui ont bravé cet interdit…), mais au moment où nous y sommes allés tout est très calme.

De là nous voyons des pirogues de touristes converger vers un point sur la barrière de corail. Nous décidons de les rejoindre. C’est un endroit où ils nourrissent les raies (comme à Moorea) et cela permet aux touristes (et à nous par la même occasion) de toucher des raies pastenagues dans 1.5m d’eau. Elles sont plus d’une dizaine, avec 80cm à 1m d’envergure à venir au contact et un peu plus loin des requins pointe noire tournent. C’est fascinant même si je désapprouve le principe.

Le soir nous retournons au Yacht Club. C’est là que Mickael nous appelle : il a raté la navette, il est sortit trop tard de sa dialyse. Nous sommes tous déçus… nous nous retrouverons donc à Raiatea.

Le lendemain nous partons faire un tour dans le lagon par le nord. Le lagon de Bora est 3 fois plus étendu (80km²) que ses surfaces terrestres, c’est un « presqu’atoll » à mi chemin entre les atolls dus Tuamotu et les îles hautes de la société (Tahiti, Mooréa…). Sur notre gauche les motu se succèdent (dont celui qu’a habité Paul Emile Victor)

Nous avons pas mal de vent, mais le soleil perce les nuages et les couleurs revivent.

 

De grands hôtels ont pris possession des motus coté ouest et égrainent leurs bungalows sur pilotis et leurs plages arrangées.

Photo prise dans l’avion qui nous ramenait de Raiatea après le TPE (partie du bac) d’Adrien.

Nous sommes allés ainsi jusqu’au motu FanFan au sud Est de l’île. Le charme n’a pas opéré et nous sommes retournés dormir au Yacht Club.

 

Le lendemain, nous louerons une voiture pour 4h. Très vite nous croisons des hôtels abandonnés. Elle devait être sympa cette petite île du temps de sa splendeur…La plupart des hôtels sont maintenant sur les motu en face.

Les maisons des locaux sont pauvres et moyennement entretenues.

Là nous sommes à la pointe sud de l’île, où il y a tellement peu d’eau, que nous n’avons pas pu passer avec Ylang.

 

 

The plage

Nous croisons pas mal d’hôtels à l’abandon, à moitié détruits. Nous rentrons dans le jardin de l’un d’entre eux. Le cadre est magnifique.

 

Il y a encore de beaux restes

 

Nous avons un gros sentiment de gâchis.

Le tour de l’île fait 32kms et nous l’avons bouclé en 1h30 !

Comme il nous restait plus que la moitié du temps (qui nous est impartit) nous avons fait le tour en sens inverse pour être sûr de ne rien rater…malheureusement non. Et c’est avec 1h d’avance que nous rendrons la voiture !

Nous partirons le lendemain pour Raiatea.

 

La magie n’a pas opéré pour nous à Bora et finalement ce que je préfère est sa silhouette vue de Raiatea.

 

89.RAIATEA et TAHAA

Nous quittons Huahine avec un petit vent et un ciel chargé, direction Uturoa, ville principale de Raiatea. Petite navigation de 21miles de passe à passe qui aurait dû être une promenade de santé mais c’était sans compter sur la météo….

Raiatea « île sacrée » nous accueille avec des grains, des éclairs, des rideaux de pluie. Nous n’avons aucune visibilité, nous naviguons au GPS et au moment où nous sommes dans la passe nous avons du mal à distinguer les 2 motus (distants de 200m) qui l’encadrent. Pour lui c’est plus facile J

Nous progressons dans le lagon, dans une eau marron avec des troncs d’arbres et des noix de coco qui flottent partout et très peu de visibilité. Nous finissons par jeter l’ancre face à la marina d’Uturoa sans conviction : nous sommes dans le flot de déchets dérivants et dans l’axe de la piste d’atterrissage. On a connu mieux comme arrivée L

 

Heureusement dès le lendemain, le temps s’améliore et nous irons nous mouiller derrière le motu Aïto. Ce sera notre « camp de base » pour le mois et demi que nous passerons à Raiatea. Nous arrivons même à capter (plus ou moins bien selon les jours) un spot wifi.

Ce motu est artificiel, il est le résultat d’une volonté des habitants de
Raiatea de marquer l’entrée d’un chenal reliant les îles de Tahaa et de Raiatea. Un remblai de corail a été constitué sur lequel les arbres se sont ensuite développés. On peut passer directement le long du motu mais il faut slalomer dans les patates et au début mon capitaine, prudent, nous fera faire le tour par le nord.

En 10mn d’annexe nous sommes à Uturoa (parfois secs, parfois humides suivant l’humeur d’EoleJ). C’est une petite ville charmante qui est le deuxième pôle urbain et économique de la Polynésie et la capitale administrative des Raromatai (= îles sous le vent en polynésien). Le petit port au cœur de la ville, est toujours en mouvement de bateaux qui vont et viennent vers les autres îles.

 

La ville a 3 superettes bien achalandées, dont un (Champion) directement sur le quai. C’est là que nous retrouvons Bernard du bateau Oboé d’Amor avec qui nous avons passé une semaine aux Galápagos. C’est ici qu’ils ont posé leur ancre, leurs enfants ont retrouvé le chemin du lycée et eux on ouvert une très jolie roulotte de crêpes et de glaces. (Miam ! J). Ils ont l’air contents, et on les comprend : il y a pire comme endroit…

Nous complétons notre avitaillement : Mikael et Marcel viennent pour 3 semaines à bord J J

C’est le matin même de leur arrivée que le groupe choisit pour (re-re-re)tomber en panne. Rougnougnou ce groupe

Martial passe sa journée la tête dans le groupe sans succès !!

L’aéroport est au nord de l’île de Raiatea, au bord du lagon et c’est en annexe que nous allons chercher nos copains.

Ils arrivent fatigués de ce long voyage mais contents.

Les premiers jours ils font connaissance avec notre mouillage : une piscine couleur lagon où évoluent 2 gentils requins pointe noire que nous avons nommé : Jobi et Joba.

Mickael fait aussi connaissance avec l’hôpital où il aura une dialyse 3 fois par semaine. Si les locaux ne sont pas de première jeunesse il est ravi de la qualité des soins, de l’accueil et de la gentillesse des gens.

Dès la seconde soirée nous partons assister à un spectacle de danses dans une école. J’avais peur que ce soit un peu kermesse de fin d’année, mais en fait nous avons assisté à un spectacle de qualité.

Après plusieurs nominations, finalement celle qui sera l’élue de la soirée sera la danseuse en marron au milieu.

Et voici le jury :

De retour de la soirée au port où nous avions laissé l’annexe, nous nous rendons compte qu’on nous a volé la nourrice et son essence !! Le retour sur presqu’un mile à la rame par une nuit sans lune fut épique ! J

Par « chance » ils nous ont laissé la pompe à main (poire) de gavage du moteur, ce qui nous a permis de continuer au moteur avec un jerrican, le temps de retrouver une nourrice.

Nous avions pris un rythme : pendant les dialyses de Mickael, Adrien était dans les deniers devoirs à rendre et les révisions (il passera l’oral et l’écrit du bac français durant leur présence) et Martial avec les mécanos pour le groupe.

Nous louons une voiture pour faire le tour de Raiatea par la terre. Les 98kms offrent l’occasion de s’imprégner de l’atmosphère paisible de l’île. En partant vers le sud, le premier stop sera pour l’étroite baie de Faaroa.

 

Un peu plus au sud nous nous arrêtons au marae Taputapuatea, lieu mythique berceau de la culture Maohi, et site archéologique le plus important du pacifique sud.

 

Etalé sur 3 hectares, d’imposantes dalles de corail sont disposées le long de la côte et face d’une passe par où arrivaient les arii (chefs) venus de tout le pacifique (iles de la Société, les Australes, îles Cook…)

Au milieu se dresse une pierre d’investiture qui servait de trône au roi

Tout est paisible à notre passage, avec une vue sur Huahine, et cela contraste avec les panneaux explicatifs qui racontent qu’ici se pratiquaient des sacrifices humains, lors de grandes cérémonies.

La route nous offre des panoramas magnifiques sur le lagon.

 

sur des baies, mais aussi des motus (petites îles le long de la barrière de corail)

C’est dimanche et un petit club de Va’a a organisé un repas pour récolter des fonds. Nous nous régalons de poulet au citron, avec toujours les sourires et la gentillesse des gens.

La cote ouest nous offre une vue sur Bora Bora

 

Nous ferons quelques petites escapades autour de Tahaa. L’île est située dans le même lagon que Raiatea, elle est plus sauvage.

 

 

La première sera pour le motu Alger et son frère le motu Tau Tau qui encadrent une passe.

 

Plaisir de nager dans une eau cristalline et chaude…

Nous reviendrons un dimanche sur le motu Altger. Après une petite ballade, avec vue sur le motu Tau Tau et la passe

 

 

 

Nous dégustons le ma’a tahitien (tous les plats typiques nous sont proposés en buffet à volonté). Les ventres sont pleins.

Après ce bon repas et un bon orage, nous retournons à notre camp de base, en face d’Uturoa. C’est là, vers 20h, nuit noire que nous sommes accostés par une petite embarcation. Nous avons déclenché une alerte, et les responsables des recherches à Papeete cherchent à nous joindre…notre VHF est éteinte. Martial a une VHF portable étanche ASN (automatique signal numérique). C’est un appareil très pratique (= sécurisant, obligatoire sur les bateaux de plongée) qui en plus d’avoir une fonction VHF peut déclencher une alerte, si nous nous sommes perdus en plongée ou plus simplement en annexe. Sauf que la notre a des velléités d’indépendance et a lancé un signal d’alerte, du placard où elle est rangée, sans que nous intervenions !! Les autorités cherchent à nous joindre depuis le milieu d’AM en vain…du coup Mr le maire d’Uturoa (himself !) assez mécontent d’avoir a se déplacer un dimanche soir(cela se comprend), vient nous voir pour que nous confirmions aux autorités de Papeete que c’est une erreur. La VHF fautive est enfermée dans la boite magique …….le micro ondes jusqu’à renvoi au fabriquant.(un des usages du micro onde que je n’avais pas imaginé au départ J)

Nous sommes partis faire un tour complet de Tahaa. Ballade douce au fond des baies

Nous remontons tranquillement vers le motu vahiné où nous mettrons notre ancre pour la nuit.

Pour une fois Martial n’est pas seul pour vérifier le mouillage.

En prime, nous avons un magnifique coucher sur Bora.

 

Le lendemain matin nous aurons une séance de snorkeling sur une barrière de corail en très bon état.

Nous allons ensuite devant un grand hôtel situé sur un motu, pour voir le « lagunarium ».

Entre 2 motus, la faible profondeur (1.5 à 3 m de fond) permet de nourrir les poissons et de balader les touristes sans risque. Nous jouons les touristes avec plaisir.

Je tombe nez à nez avec une grosse murène javanaise et je rameute les troupes. Si Martial et moi en avions déjà vu plusieurs en plongée, c’est une grande première pour nos 3 autres explorateurs, qui se tiennent à distance avec un mélange de respect et d’admiration.

En repartant vers le sud, un peu avant la passe nous naviguons devant une des plus vieilles églises de la région.

Nous sommes allez plusieurs fois nous amarrer aux bouées à l’entrée de la baie au sud ouest de Tahaa.

Nous y avons fait une petite exploration terrestre.

En fin de journée « nos males » entretenaient leurs corps

Et cela finissait forcement dans l’eau et en éclats de rires.

Nous avons fait un aller retour à Bora Bora…mais ce sera l’occasion du prochain article.

Il y a eu des soirées, où sommes allés manger de délicieux poissons chinois et chao men à la roulotte (camion pizza local mais sans pizza J), et sur le chemin du retour nous avons assisté à une répétition de danse pour le Heiva qui approche. Et même sans costume les soixante danseurs et danseuses font une prestation impressionnante.

Il y a eu les jours maussades où Adrien et Mika sont rentrés avec la banane après avoir croisé raies (pastenagues) requins autour du mouillage.

Il y a eu une ballade au nord ouest de Raiatea, sur un motu, et ce jour là la pluie ne nous a pas empêchés de faire la passe en snorkeling.

Il y a eu une soirée d’élection de miss et mister Raromatai (=îles sous le vent), mais sans danses L L

Marcel et Mika n’ont pas eu trop de chance avec le temps : beaucoup de pluie, dégradation du climat ou année El Ninio ? Malgré cela ils ont eu l’air content de leur séjour et nous espérons qu’ils ont pleins de beaux souvenirs.

Ils nous quittent, le jour de l’oral bac français d’Adrien…avec un temps gris !! L

Après une escapade à Huahine nous sommes de retour à Uturoa. A notre retour le temps redevient enfin plus « polynésien ». Nous en profitons pour monter au sommet du mont Tapaioi 294m.

La piste qui nous permet d’y accéder a été crée en 1969 pour placer au sommet une antenne pour la télédiffusion pour les îles sous le vent. La montée se fait dans la verdure.

Et la vue est d’autant plus saisissante à l’arrivée à l’antenne, qu’elle ne se dévoile qu’au dernier moment.

Vue sur Uturoa et Huahine à droite au loin.

Vue au nord ouest avec Bora Bora et l’aéroport au premier plan.

Vue de Tahaa

Vue de la passe et de la cote est

Le motu de la passe

Nous avons regretté de ne pas avoir pris des casses croutes pour pouvoir profiter plus longtemps de cette vue magnifique, mais à un moment nos estomacs ont pris le commandement et nous sommes redescendus vers un bon repas.

Le 29 Juin est férié en Polynésie : c’est le jour de l’indépendance. A partir de ce moment jusqu’à la fin Juillet, les fêtes se succèdent. Toutes les îles montent un chapiteau à cet effet entouré de baraques « façon huttes anciennes ». Le chapiteau sert pour les spectacles, les baraques sont plutôt une sorte de baraques de fêtes foraines, avec de la barbe à papa, de pop corn et des stands de tir…

A Raiatea le chapiteau est au bord du lagon et nous pouvons nous y rendre en annexe. Cette année le thème de la fête du jour de l’indépendance est l’environnement.

Le plus remarquable fut les chapeaux fabriqués avec des emballages…une façon ludique de concevoir le tri sélectif.

Ou bien cette robe faite à partir de canettes, de capsules « what-else », un filet de pêche etc…

Encore une fois je suis en admiration sur leur sens imaginatif.

Il y eu quelques danses, avec une population de danseuses très hétéroclite.

La miss Raromatai

Et puis…

Mais aussi des enfants

Et leurs mamans

Le dimanche suivant, nous avons décidé de faire un peu de snorkling sur un motu au sud. Sous la pression de l’équipage, le capitaine accepte de slalomer entre les patates du motu Aito.

 

N’aillant pas trouvé d’endroit où mouiller abrité sur le motu de la passe principale d’Uturoa

nous décidons de pousser jusqu’à la passe suivante au sud et son motu Tipaemauo.

Nous slalomons un peu entre les bouées d’une ferme perlière et les patates de corail,

pour arriver à un mouillage de rêve et incroyablement abrité.

Malheureusement si la vision terrestre est idyllique, sous l’eau tout est détruit et surpêché.

Ensuite, nous passerons ensuite 5 jours à quai, où nous espérons nous faire réparer notre sail drive. : il fuit malgré un changement de joints fait sur le chantier à Papeete par les mécanos de Sin Tong Hing!! Il est clair qu’ils ont fait une erreur, soit sur la pose des joints, soit sur le diagnostique. Coups de fils, sur coups de fils, Martial aimerait qu’ils refassent le travail…mais on est à Raiatea. Nous attendons une semaine que leur correspondant sur place, soit dispo, puis encore 4 jours d’envoi des joints de Papeete à Raiatea, puis 4 jours pour retrouver les joints dans le cargo (oui oui ils sont bien là…mais où ?? chercher 3 joints dans un cargo autant chercher une aiguille dans une motte de paille). Nous commençons à perdre patience… Un beau matin, le mécano arrive avec le sachet de joints ! Il démonte et trouve un Pb qui serait peut être à l’origine de la fuite. Coup de fils à Papeete : la pièce n’est pas en stock ! Le mécano nous confirme que nous pouvons naviguer ainsi en surveillant régulièrement, nous ne voulons pas perdre encore 15 jours, nous partirons donc 2 jours plus tard en aillant payé une réparation qui n’a pas arrangé notre fuite.

Ami navigateur, éviter les réparations chez Sin Tong Hing : ils nous ont envoyé des jeunes mécanos, auraient essayé de démonter une pièce tenue par 2 boulons à l’intérieur et qui nous ont mal fait le travail.

 

 

Adrien ayant le code d’un réseau wifi ne rentrera que pour manger ! L + nuisances sonores liées à la proximité d’une petite ville = retour à la civilisation, ses avantages et surtout ses inconvénients.

C’est de là que nous verrons le départ et le retour d’un concours de pêche sous marine.

Et enfin le jour tant attendu arrive : plein de gazole (détaxé) et nous pouvons reprendre notre route vers l’ouest.

88.HUAHINE

Adrien et moi sommes de retour sur Ylang Ylang après presque 2 mois d’absence, bien contents de le retrouver avec son capitaine fatigué du carénage.

Reste un Pb à régler : l’électronique. Suite à une onde électromagnétique à Nuku Hiva, nous avons des appareils électroniques en panne. L’expert nous a imposé de venir à Papeete (nous devions aller directement à Raiatea) car « c’est là seulement qu’est le spécialiste en qui il a confiance ». En fait son « spécialiste » est un électricien qui ne veut pas toucher à l’électronique !! Nous nous retrouvons seuls et c’est Martial qui en suivant les fils, branchant et débranchant les appareils, a fait le diagnostique : AIS , Pod (partie non aérienne) de l’anémomètre ainsi que les batteries sont touchés. Nous avons commandé les appareils avec beaucoup de difficulté : il n’y a pas de représentants Raymarine (marque de notre électronique) en Polynésie. Bref nous avons attendu 15jours après mon arrivée notre paquet, pour suivre ensuite le parcours de combattant du dédouanage !…

Au final, notre écran n’affiche toujours pas de données, il est touché lui aussi !! baisse de moral pour l’équipage…Mais grâce à Michel du ship de la Marina Taina, nous pouvons commander un nouvel écran en Nouvelle Zélande et il arrive en 7 jours et est directement dédouané par le transporteur. Nous sommes enfin prêts !!

Nous sommes dans le lagon de Papeete et nous voyons passer tous les jours des va’a, des paddles, qui s’entrainent et parfois même des compétitions.

Le va’a est le sport national ici (plus important que le foot !!) et le soir à la TV nous avions les résultats et les commentaires en direct. Les polynésiens sont parmi les meilleurs rameurs au monde !

Après une journée de pause à Moorea, nous partons à la tombée de la nuit pour la première des îles sous le vent : Huahine située à 170km.

 

Nous arrivons le lendemain en fin de matinée, sous la pluie. Nous repartirons le lendemain pour Raiatea, car nous avons des copains qui y atterrissent 3 jours plus tard. Mais dès leur départ, 3 semaines plus tard, nous reviendrons sur cette île qui a gardé son mystère pour nous.

Huahine se compose de 2 îles reliées par un pont. Enchâssée dans un lagon unique, Huahine s’étale sur 75km².

On ne connait pas avec certitude l’origine du nom de cette île. « Hua »  signifierait sexe et « hiné » femme, comme dans vahiné. L’importance des femmes dans l’histoire de cette île calme et fière conforterait cette hypothèse.

 

La ville principale est Fare. Elle n’a pas de charme, mais c’est le port, le centre administratif et regroupe les banques, loueurs de voitures et un supermarché qui m’a étonnée par sa superficie et son achalandage ! beaucoup plus important que ceux de Raiatea. Il y a quelques bouées de mouillage(gratuites J) réparties dans la baie.

Le lendemain de notre arrivée le ciel se dégage et nous en profitons pour naviguer à l’intérieur du lagon jusqu’au sud de l’île. (mouillage 2).

Nous avons à droite la barrière de corail et à gauche l’île. C’est un peu au sud de Fare sur la barrière que des hommes s’affairent à déséchouer un bateau ! cela fait mal au cœur de voir un bateau comme ça L ….inconsciemment nous regardons mieux la carte…

Nous avons une vue magnifique sur Raiatea et Tahaa.

 

Nous pénétrons ensuite dans la baie qui sépare les 2 îles.

Au fond de la baie, un pont qui relie les deux îles.

L’île est très verte, avec des petites plages de sable blanc.

Nous descendons jusqu’au « mouillage2 », il faut dire qu’au-delà de ce point le fond remonte et ne nous permet pas de passer.

Nous descendons à terre pour nous dégourdir les jambes et nous partons vers un Marae (ancien lieu de culte)

Le soir nous nous offrons un apéro à l’hôtel, en face de notre mouillage et un repas typique dans le petit resto local voisin. Grand bien nous en a pris : nous récupérons les 2 codes internet et nous en profiterons largement car le lendemain il pleuvra à seaux toute la journée !

Dans le resto « chez Tara » j’admire la patronne en train de confectionner des couronnes de fleurs pour « l’anniversaire de la pharmacienne ». Nous discutons, elle me parle de la difficulté pour les jeunes de vivre au fenua (au pays), de trouver du travail, elle est inquiète car un de ses petits fils s’est engagé dans l’armée, dans l’espoir d’avoir une formation et un travail… Pas toujours simple la vie au paradis…Elle déposera dans mes cheveux un bouquet odorant, qui parfumera ma salle de bain une bonne semaine !!

Le lendemain quand nous remontons sur Fare, nous voyons un hydravion atterrir non loin de la barrière…décidemment il s’en passe des choses sur cette barrière….

Revenus à Fare nous décidons de louer des vélos pour faire le tour de Huahine Nui (Nui= grand en Tahitien pour parler de la grande île).

Nous partons vers le nord de l’île où se trouve l’aéroport. Nous continuons tout droit sur une langue de terre qui sépare la mer du lac Fauna Nui. Ce lac est en fait un long bras de mer, une extension du lagon. C’est une zone agricole.

Nos vélos ne sont pas de première jeunesse et celui d’Adrien a une chaine qui saute à chaque instant…

Nous arrivons à un Marae construit en bordure de mer.

Ce site cérémonial de 2m de haut s’étend sur 40m de longueur sur prés de 7m de large. Il est constitué de blocs de basalte et de dalles de corail. On y honore et invoque les dieux, intronise les chefs, prépare des guerres…les arbres qui les entourent, notamment le banian, étaient sacrés.

Au bout du lac un petit pont nous permet de rejoindre le village de Maeva. Là encore un Marae qui se situe au bord du lac. Mais ici la case des chefs a été reconstituée.

J’ai du mal à imaginer quelle était leur vie au quotidien…

A partir du pont, le lac devient un étroit canal s’étendant sur 3km jusqu’à la baie de Faie. Des parcs à poissons sont aménagés dans ce canal, disposés en forme de V, construits avec des blocs de coraux, ils sont repérables grâce aux petites cabanes où prennent place les pêcheurs. Ces parcs, qui ont plusieurs siècles d’existence, sont encore utilisés de nos jours pour piéger les poissons.

Dans le village, Martial s’arrête dans une maison et demande une clef de 12 pour retendre la chaine…ouf on peut rouler J. Nous arrivons à Faie, un village blotti au fond d’une étroite baie. La particularité de ce village est qu’il a une rivière où évoluent des anguilles sacrées aux yeux bleus.

Des personnes sont là avec des boites de thon. Ils déposent de miettes de thon sur les rochers et nous voyons les anguilles sortir de l’eau et « grimper » sur les rochers.

 

Au fond du village, nous remontons au belvédère : pieds à terre la montée est très raide (15%) et mon vélo semble peser 1 tonne.

Du belvédère nous avons une vue sur la baie qui sépare les 2 îles.

A la descente nous sommes debout sur les pédales, pas de freins sur ces vélos à rétropédalage. Mais à mi descente Martial pousse un cri : cela commence à fumer !!nous finissons la descente à pied pour éviter l’incendie !!

Sur la route de retour nous nous arrêtons devant les « souvenirs » du séjour mouvementé du dieu Hiro sur l’île. Selon la légende, il a fendu l’île en deux avec sa pirogue (j’aimerais avoir le secret de fabrication de la pirogue…solide non ?). Il a laissé une marque avec sa pagaie :

Et sur le rocher l’empreinte de ses attributs phalliques (son kokoro) !!!

C’était pas un dieu pour rien J.

Pour compléter notre tour d’île nous louons une voiture pour 3H dès le lendemain.

Retour sur le pont

Nous avons une vision sur la baie qui donne coté est de l’île.

Nous repassons aussi par un marae qui reste mystérieux pour moi…

Mais aussi sur la baie coté ouest que nous avions sillonné avec Ylang.

Au mouillage à Fare nous avons une journée avec des rafales à 35 noeuds . Le courant lui ne faiblit pas, ce qui fait que dans les rafales nous sommes souvent travers au vent, et Ylang se dandine comme il peut sur sa bouée !

Nous profitons d’une accalmie pour retourner sur Raiatea. Notre sail drive tribord a une fuite d’huile, malgré le changement de joints effectué sur le chantier à Papeete. Nous devons voir un mécanicien.

Nous quittons cette île si belle et sereine avec le sentiment qu’elle ne nous a pas livré tous ses secrets.

 

 

 

 

 

 

87.FATU HIVA et AHE

Nous avons une petite fenêtre météo où le vent est plus Est (habituellement le vent dominant est plutôt Sud Est comme notre route), et nous en profitons pour rejoindre Tahuata où nous passons la nuit. C’est au cours de ce trajet que notre compteur de milles indique que nous avons fait 20.000 miles avec Ylang ! Que de souvenirs …

Mais la fenêtre s’avère très courte et nous partons dès le lendemain matin pour Fatu-HIva.

C’est l’île la plus sud des Marquises et la plus isolée : elle n’a pas d’aéroport et les 500 habitants de l’île sont ravitaillés seulement par les goélettes. L’île est formée par 2 volcans imbriqués dont l’un culmine à 1000m. Ses falaises escarpées la rendent peu facile d’accès et elle a seulement 2 baies accessibles sur sa cote ouest.

Nous nous dirigeons vers Hanavave au Nord Est.

C’est un village blotti au fond de la mythique baie des Vierges. Son nom se retrouve dans tous les récits des « tour-du-mondistes », elle est souvent qualifiée de plus belle baie du monde et a bercée mes rêves quand la vie citadine m’immobilisait.

A notre arrivée le temps est un peu gris et j’avoue que nous ne la trouvons belle mais pas extraordinaire cette baie…est ce que nous commençons à être blasés ?

 

Mais les jours suivants au coucher du soleil, nous découvrons qu’elle s’empourpre et que les pitons prennent des reflets mordorés.

Pour l’anecdote l’appellation de cette baie aurait été débaptisée par les missionnaires, préalablement surnommée par les marins « baie des verges » en raison du relief évocateur de ses pitons de basalte.

 

A notre arrivée, nous retrouvons Daniel sur Goyave que nous avions rencontré au Panama. Il nous indique la limite à ne pas dépasser pour jeter notre ancre.

Le village se loge au débouché d’une vallée encaissée.

 

A notre descente à terre nous sommes plongés dans une atmosphère de paradis sauvage (malgré la présence de téléphones portables, de 4X4 rutilants et de wifi). Le village est propré et les gens souriants et accueillants.

 

Nous rencontrons Poy. Après une petite discussion, il nous entraine chez lui et nous montre les sculptures qu’il réalise dans de l’os. Nous sommes impressionnés par la qualité de son travail. Fatu Hiva est une île où l’artisanat est de haut niveau. Je lui achèterais plus tard un pic à cheveux.

 

 

Les jardins sont bien entretenus et débordent de fleurs. Mais ce qui me frappe, c’est que les dames portent le Kumu hei, petit bouquet parfumé qu’elles fixent dans leur chevelure. Cela sent très bon quand on passe à proximité et je suis touchée de voir que bien qu’au bout du monde et certainement grand mères(les jeunes ont déserté l’île pour trouver du travail) elles gardent leur coquetterie.

 

 

Il y a aussi au mouillage « Equinoxe » un Lagon 500 avec Muriel et Jean Jacques que nous avions croisé à Makemo. Nous convenons de partir ensemble nous balader jusqu’à la grande cascade.

Nous suivons au début la seule route de l’île (qui relie les 2 villages Hanavave et Omoa)

²

 

Puis un chemin luxuriant

 

Et la récompense au bout d’une heure de marche

 

Les jardins débordent de pamplemousses et de citrons et certains habitants nous indiquent des champs délaissés par leurs propriétaires où nous pouvons nous servir !

L’île est en émoi : l’Aranui va passer en fin de semaine. Tout le monde se prépare : on cueille des pamplemousses et des citrons, on met le coprah en sacs (pour les expédier à Papeete), on fignole les pièces d’artisanat (l’Aranui est un cargo mixte : marchandises et passagers). Un tiki sculpté dans une nacre :

Un matin, une barque s’arrête à l’arrière d’Ylang : ils sont partis ce matin à la chasse à la chèvre. Elles sont en liberté sur l’île, mais comme il n’y a pas de route c’est par la mer que les hommes chassent. Ce matin là ils ont tué 7 chèvres, dépecées sur place, les morceaux sont empilés au fond de la barque. Ils veulent nous vendre un morceau. Moi en bonne citadine, je ne cuisine que de la viande en barquette L et au vue de cette boucherie j’ai un haut le cœur.

Le jour de l’arrivée de l’Aranui, nous partons en annexe au village voisin : Omoa. C’est jour d’animation, toute l’île s’y regroupe, pour essayer de vendre son artisanat, ses fruits ou récupérer de la marchandise.

 

Nous faisons le tour du marché artisanal et achetons des protèges passeports en Tapa. C’est à Fatu Hiva que l’on a conservé le savoir faire ancestral du tapa. Autrefois la technique du tapa, pratiquée dans toute l’Océanie, permettait de confectionner des étoffes non tissées à partir de différentes écorces. Les écorces de jeunes troncs sont trempées dans l’eau pour les assouplir. Les lamelles d’écorce d’environ 15cm sont placées sur une enclume de pierre et martelées pendant des heures avec un battoir (en bois de fer, très dur). Elles s’amincissent et s’élargissent progressivement. Après séchage, elles peuvent être ornées de différents motifs traditionnels.

 

Sur le chemin du retour nous admirons les falaises couvertes de verdure.

La cote est très découpée

 

Dans l’après midi l’Aranui vient se mouiller derrière Ylang et nous assistons au débarquement des marchandises et des touristes.

 

 

Le petit port habituellement calme déborde de monde et les artistes locaux ont dressé des tables tout autour pour présenter leurs œuvres. .

 

Nous ferons 2 plongées derrière cap voisin : une avec Jean Jacques d’Equinoxe et une avec Adrien.

 

C’est un petit tombant qui abrite pas mal de vie : murènes, banc de bécunes etc…

 

Sans être mémorables, elles ont été très agréables et Adrien est sortit enchanté !

Nous faisons de petites ballades autour du village : une petite cascade, que Martial et moi chercherons, sans jamais la trouver (ici pas de balisage) mais nous surprenons un oiseau aux ailes très finement dessinées. (je pense que c’est un Ptilope de la famille des pigeons et tourterelles)

En redescendant nous bavardons avec un couple : ils ont un Pb avec leur « femme française » nous disent-ils avec un sourire en coin. En effet c’est le nom que donnent les marquisiens à leur machine à laver !! Nous rions aussi. Il leur manque un fusible. Martial leur amène les plus approchants que nous ayons en stock et ils nous offrent en échange un régime de bananes et un paquet de délicieuses bananes séchées. Troc avantageux pour nous !

Muriel d’Equinoxe compare les Marquisiens à des dauphins. Ils donnent l’impression d’avoir assez facilement le strict nécessaire (les fruits poussent à profusion, le pêche et la chasse sont assez faciles) et du coup avoir du temps pour gratter un ukulélé, chanter, rire …et sculpter. J’aime bien cette comparaison.

Mais le temps presse (Adrien à son TPE du bac français à passer) et nous devons repartir pour Tahiti. Le capitaine est grognon : nous sommes fin février, la saison cyclonique finit fin Mars, il n’est pas chaud pour partir vers le sud….

Nous quittons donc avec beaucoup de regrets les Marquises (elles resteront un moment très fort de notre voyage), un peu d’appréhension (pour la météo), et avec dans la tête le cri de leurs guerriers : ouille ! ouille ! ouilliaaaaa

 

 

 

Après 3.5 jours d’une navigation douce mais lente (on se traine parfois à 4 nœuds) nous arrivons devant Ahé vers 1H du matin. Nous préférons zoner devant l’atoll jusqu’au petit jour plutôt que de risquer de naviguer dans un lagon mal balisé.

 


 

Il faut environ 1h de navigation dans le lagon pour arriver devant le village principal : Tenukupara. L’atoll fait 20km de long sur 10 de largeur. Il n’est pas très grand, du coup les habitations sont disséminées sur le pourtour du lagon. Il y a 100 personnes au village principal et 500 tout autour de l’atoll. Pas mal de barques en alu qui vont et qui viennent d’un endroit à l’autre…les gens se rendent visite d’un bout à l’autre de l’atoll.

Le mouillage se fait derrière un petit récif de corail à l’intérieur de l’atoll !

 

C’est ici que vécu Moitessier pendant 7 ans. Il essaya de « former » les gens à planter et cultiver mais la culture des perles a pris le dessus et il ne reste pas grand-chose de son passage ici.

Nous sommes samedi, et leur générateur est en panne. Il n’y a donc pas d’électricité et pas de wifi. Nous décidons de faire le tour de l’Atoll vers les hôtels au nord qui prendraient, parait-il leur wifi de l’atoll voisin Manihi. Nous faisons une pause à l’aéroport. Il fait gris et c’est dommage car il y a du sable blanc et le lagon doit être magnifique avec plus de lumière.

Pas de réseau non plus devant les pensions et nous finissons par jeter l’ancre, non loin d’un club de plongée.

Dans la soirée nous essuyons un grain avec des rafales à plus de 40 nœuds et des pluies violentes : impressionnant et stressant. Heureusement Ylang est solide et nous avons une bonne ancre (merci Spade …)

Le lendemain nous allons voir Gilles le responsable du club de plongée. Il nous donne gentiment la météo, nous parle de sa vie. Il est arrivé en voilier il y a 3 ans, il est tombé amoureux de l’endroit et a crée sa propre structure.

Nous repartons vers le village à travers les fermes perlières

 

et leurs champs de mines.

 

 

Nous profitons d’une petite fenêtre météo pour aller à Rangiroa.

Nous y passerons une semaine sous des pluies diluviennes, plus de réseau téléphone et pratiquement plus de wifi !!

Nous sommes en bordure d’un phénomène météo centré sur Tahiti, où il y aura des dégâts liés aux fortes pluies. Comme toutes les « bonnes » choses ont une fin, nous partons un matin en même temps que les 2 autres catamarans présents. Le vent tombe après notre passage entre les 2 atolls (Rangiroa et Tikehau) et c’est au moteur que nous ferons l’essentiel de notre traversée !

L’arrivée à Tahiti, déjà bien industrialisée, est cette fois ci saisissante : en plus de troncs d’arbres, de branches et de noix de coco, toutes sortes de chaises, plastiques, poubelles ont dévalés des rivières et flottent dans le lagon. Un peu dur le retour à la civilisation ….

 

Martial reste avec Ylang pour le carénage et toutes les réparations, Adrien et moi rentrons en France. Je retourne au boulot (et « accessoirement » je fais réparer mon genou qui bloque de plus en plus) et Adrien prendra des cours intensifs pour compléter son année de cned.

Deux mois de pause dans notre voyage, pour mieux continuer…

 

 

 

 

 

86.UA HUKA

Nous quittons Nuku Hiva avec le dernier souffle de Nord Ouest avant l’arrivée des alizés d’Est. Des dauphins « à bec étroit » nous escortent à la pointe sud-est de Nuku Hiva et nous accueillent à Ua Huka (à 25 milles, soit 50km environ, à l’est de Nuku Hiva).

Je suis toujours fascinée par ces animaux, mais ceux là ont le bout du rostre tout blanc (comme si ils l’avaient trempé dans un pot de peinture !) et le ventre rose et cela me donne encore plus envie d’aller jouer avec eux…

Nous passons la nuit dans la baie de Haavei et au matin nous sommes envahis sur le bateau par les nonos.

 

N’écoutant que notre courage…nous fuyonsJ. Nous passons entre l’île aux oiseaux et la terre.

L’île aux oiseaux est une île toute plate où viennent nicher des sternes. C’est une réserve et seuls les habitants ont le droit de venir de temps en temps y prélever des œufs. Dégustés en omelette (au gout poisson ?), ils sont un met très apprécié.

Ces deux îlots sont spectaculaires, l’un est blanc et l’autre est rouge. La deuxième île est aussi appelée « île du chien couché »…c’est à ce moment là que j’ai compris pourquoi !

 

Nous nous dirigeons vers Vaipaee (chef lieu de l’île), appelée aussi baie invisible, car difficile à trouver en venant du large.

 

 

La baie est une échancrure très profonde et étroite, mesurant prés d’1 km. Lorsque l’Aranui y pénètre, il manœuvre dans un mouchoir de poche et s’amarre aux parois avec des aussières.

 

Le fond de la baie semble désert, avec quelques bâtiments vides. Nous restons un petit moment à observer deux pêcheurs en kayac : ils jettent une ligne remplie d’hameçons et presque instantanément ils remontent un poisson ! Incroyable, ils n’arrêtent pas !

Nous avions compris que le village était assez éloigné (nous verrons par la suite qu’il est accessible), nous continuons donc notre route vers Hane.

Comme il a beaucoup plu ces derniers jours, l’île est verte et les couleurs sont magnifiques.

Mais elle est réputée être la plus sèche et la plus désertique des Marquises.

La baie de Hane est protégée à son entrée par un imposant ilot lui donnant un caractère particulier (pain de sucre de Rio ?).

Il n’y a pas de quai, de la houle rentre et la descente en annexe sera souvent sportive et humide.

Hane, un des 3 villages de l’île, compte 150 âmes (Hokatu 150 pers. et sur la totalité de l’île 620 pers.). C’est un village paisible et aéré. Les panneaux de signalisation sont fabriqués localement.

A la descente de l’annexe nous sommes accueillis :

Ua Huka est été appelée « l’île aux chevaux », mais en raison d’une sécheresse, une grande partie des troupeaux qui vivaient en semi liberté a été décimé.

 

Il est agréable de se promener dans ce village, qui déborde de fruits (pamplemousses, cocos, mangues, citrons, oranges, fruit à pain…)

Ici pas de feux tricolores, pas de radar, mais la seule chose qu’il manque vraiment est un panneau « attention chute de cocos »

 

 

Nous mangerons dans LE restaurant du village : sashimi-crudités, viande et légumes, fruits le tout arrosé de citronnade et en prime nous repartons avec un gros sac de fruits.

Mais c’était aussi une façon de rentrer en contact avec les gens. La restauratrice nous indique un site archéologique au dessus du village. Nous décidons d’y monter juste après le repas pour « compenser » un peu.

Le sentier est bordé de manguiers et cocotiers. C’est la saison des mangues et beaucoup pourrissent à terre.

 

 

Je ne sais pas si cela est lié mais plus nous montons plus nous subissons une attaque (assez) violente de moustiques, malgré les répulsifs ! Adrien et moi rebroussons chemin, seul Martial courageux, ira voir les Tikis (en tuf rouge de plus d’un mètre)

et la vue sur le mouillage

Nous sommes aussi partis au village voisin Hokatu par la route (à 4km à l’est de Hane).

Arrivés au village, à la première maison, nous sommes abordés par une femme qui se propose de nous ouvrir le centre artisanal (Elle en est la responsable). En attendant qu’elle se prépare, nous admirons la pirogue qu’elle conserve sous sa maison.

Elle a été construite pour le Matavaa de 1999 de Nuku Hiva et 7 hommes ont rallié Ua Huka à la baie de Taiohae avec ! Chaque détail a été travaillé et malgré son « grand » âge elle est magnifique.

Après cela nous découvrons le centre artisanal. Je suis impressionnée par le niveau de qualité et d’authenticité des objets dans ce village du bout du monde.

Bols de « kava », boisson fermentée locale.

Ils plantaient ce pic en bois dans le fruit à pain pour accélérer la fermentation, et la porcelaine servait d’épluche légume !

Les herminettes servaient à creuser la terre.

Les casses têtes étaient des armes…aussi efficaces que la batte de base ball ?

Mais la particularité de cette île est le tiki à trompe d’éléphant.

Notre « hôtesse » nous raconte son histoire : ce n’est pas un nez d’éléphant qu’il a, mais une queue de baleine ! Les pêcheurs l’emmenaient sur leur barque et quand le tiki tombait à l’eau, c’est que l’endroit était idéal pour la pêche. Ensuite, tout naturellement le tiki rentrait (à la nage ?) au village et on le retrouvait sur la plage ! (il devait être fort le kava de l’époqueJ)

Nous aurons une autre version qui me semble plus vraisemblable. Quelqu’un serait né avec une malformation au niveau du nez. Et à l’époque, les gens différents étaient soit traités comme des moins que rien, soit on leur attribuait des pouvoirs surnaturels. Et ce Tiki représente peut être (personne ne sait avec certitude d’où il vient) quelqu’un qui a sût transformer une malformation en force.

Celui-ci est une commande municipale réalisée par un sculpteur de Hane.

Il y a énormément de sculpteurs sur cette île et ils organisent tous les ans un concours sur un objet ancestral.

Notre hôtesse nous dit que cette année le concours portera sur le bâton du chef. Seuls les chefs en possédaient, il représentait la connaissance et était transmis à la personne qui avait acquis cette connaissance et allait devenir le chef. Nous l’avions vu au Matavaa sans savoir ce qu’il représentait.

Ce bâton sculpté était surmonté d’une touffe de cheveux prit sur les ennemis vaincus, aujourd’hui remplacé par du crin de cheval.

Ce que ce guerrier tient dans sa main droite est une flute à nez : cet instrument se joue en soufflant avec une narine !

Notre hôtesse nous explique qu’elle apprend aux autres femmes du village comment tresser des paniers, des chapeaux. Elle nous montre une très vieille machine à coudre et là aussi elle essaye de transmettre son savoir de la couture. Je décide donc de lui offrir ma machine à coudre (qui ne marche plus très bien depuis qu’elle a pris feu) que j’échange contre un plat à fruits. Nous sommes toutes les deux ravies.

Derrière la maison de l’artisanat, des femmes jouent au loto le dimanche.

juste devant la rivière

où viennent boire les chevaux

Après avoir traversé le village, nous allons voir des piscines naturelles.

 

Le « port » naturel.

Du coté terre, Hokatu est adossé aux parois de l’ancien volcan.

De retour à Hane nous nous arrêtons à la roulotte pizza de Franck et Stéphanie. Nous réservons pour le soir, car tous les bateaux de la rade (on est maintenant 4 catamarans) se sont donnés rdv pour y manger.

Jean Yves le sculpteur du tiki géant joue du ukulélé devant la roulotte et mes hommes prendrons leur premier cours.

La soirée fût mémorable, car en plus des voileux, sont arrivés des locaux déjà bien allumés et sans l’aide de Franck et Stéphanie je ne suis pas sûre que l’on s’en serait sortit sans Pb.

Franck accepte de nous faire visiter l’île. Nous suivons la route le long de la côte vers Vaipaee.

Nous faisons une pose devant l’aéroport pour regarder atterrir l’avion qui vient de Nuku Hiva.

Ils sont reliés à Nuku Hiva et Hiva Oa, 4 fois par semaine. Franck nous arrête à Vaipaee chez un fabricant de ukulélé.

C’est un homme passionné et ses instruments sont de vraies œuvres d’art. Martial ne sait plus lequel choisir et finalement craque pour celui qui a le plus de bois différents, sculpté de croix marquisiennes.

Mais en discutant, nous apprenons que notre fabriquant de ukulélés est aussi un producteur de pamplemousses : il en expédie plus d’une tonne par mois à Tahiti et ce toute l’année.

En bonne citadine, je m’étonne : il n’y a pas de saison pour les pamplemousses ? Il nous explique, qu’il a divisé son terrain en 4 parties et « fait souffrir » (cad n’arrose plus) ses parcelles à tour de rôle, reproduisant ainsi les saisons (humides et sèches) naturelles. Il nous explique aussi qu’il a planté des citronniers au milieu des pamplemoussiers et laisse pourrir à terre une partie de ses citrons. L’acidité qu’ils libèrent, éloignent les bêtes et lui évite tout produit chimique. C’est ainsi qu’il peut avoir des pamplemousses toute l’année, sans produits chimiques (= bio ?). Il s’occupe de ses champs le matin et fait de l’artisanat l’après midi. J’admire son équilibre de vie.

Son seul Pb est que ses enfants attirés par les sirènes de la modernité, n’arrivent pas vraiment à lui emboiter le pas, mais ne trouvent pas non plus leur place dans la vie moderne des villes.

Nous visitons ensuite l’église de Vaipaee, décorée de magnifiques sculptures en bois et de fleurs.

Puis petite visite au musée local, qui renferme des merveilles. Pour certaines elles sont d’époque et trouvées dans les vallées, comme ces boucles d’oreilles et ce peigne à cheveux

Mais aussi des objets contemporains, lauréats des concours d’artisanat : des petites merveilles.

Un lance pierre, tissé en fibre de coco.

Cette année là, le concours portait sur les échasses.

Là ce sont des bols (d’origine) servant à conserver les aliments (ancêtre du Tupperware ?J)

Le bol de droite est une vraie dentelle, sculptée dans une noix de coco !

Gauguin écrivait en 1938 dans une de ses lettres : « chez le Marquisien surtout, il y a un sens inouï de la décoration. Donnez lui un objet de formes géométriques quelconques, il parviendra, le tout harmonieusement, à ne laisser aucun vide choquant et disparate.»

Le dessous de ce plat illustre très bien ce qu’il dit : encore une merveille!

 

Entre Vaipaee et l’aéroport sur le retour nous nous arrêtons à l’arboretum. Créé en 1995, il s’étends sur 17 hectares sur lesquels ont été plantées plusieurs centaines d’espèces d’agrumes et d’arbres fruitiers, provenant du monde entier. L’objectif était de sélectionner les variétés qui s’adaptent au sol polynésien, pour donner des perspectives à l’agriculture locale. On y trouve plusieurs variétés de pamplemousses, de citrons, d’oranges, de pomelos (hybride entre pamplemousse et mandarine), des manguiers etc…

Il leur est interdit de vendre leur production et donc chaque visiteur peut repartir avec des paniers pleins de fruits.

Ici même les caramboles, que je pensais ne servaient qu’à la décoration, sont délicieusement sucrées et juteuses.

Coté arbres, des tecks, des cèdres, du santal, et même un baobab minuscule. Franck est imbattable sur les bois, il faut dire qu’à ses heures perdues il est (très bon) sculpteur.

 

Malheureusement, les crédits sont en chute et de 10 salariés, ils sont passés à 4. Du coup l’entretien et l’avenir de cet arboretum sont plus aléatoires.

Sur la route, Franck nous parle de sa vie : c’est un Frani (= un français) arrivé il y a 25ans à Tahiti. Séparé de sa première femme, il rencontre Stéphanie à Papeete. Mais même à Papeete, la vie moderne plombe le quotidien : boulot, transport (il y a des bouchons à Papeete !), dodo. Ils décident donc, il y a 3 ans, de partir pour Ua Huka d’où est originaire Stéphanie. Franck nous parle des ses difficultés de s’intégrer : d’après lui les locaux sont adorables avec les gens de passage comme nous (je confirme) mais c’est beaucoup plus dur si on veut s’implanter, qu’en plus on a kidnappé une fille du pays, et que l’on ne veut pas d’enfant (Franck en à déjà de sa première union). D’après lui, les postes sont donnés plus par copinage qu’en fonction des compétences. Et il ne trouve pas de travail.

Leur roulotte de pizzas ne fonctionne pas assez, et ils la ramènent dans leur jardin (pas très loin de Vaipaee) pour éviter des frais de déplacement et espèrent capter une plus grosse clientèle.

Pour le Matavaa 2013, un tohua a été reconstitué au dessus de l’aéroport. Pour de nombreuses raisons pratiques, c’était trop compliqué d’utiliser un des nombreux sites qui existent dans les vallées. Ils en ont donc recréé un, qui a l’avantage d’avoir une vue magnifique sur la mer via l’aéroport.

 

L’entrée est gardée par leur tiki,

 

Mais ici l’artiste lui a donné une forme de baleine.

La tribune d’honneur

Sous les abris, les poteaux sont tous sculptés.

Le tout est décoré avec les cadeaux laissés par les autres îles. Ce tiki fait à peu prés un mètre de haut.

Nous inviterons Franck et Stéphanie à passer la soirée à bord. Super moment d’échanges et de rires.

Grâce à eux nous comprenons un peu mieux, les richesses et les difficultés marquisiennes. Un grand merci à tous les deux pour votre acceuil.

A Hane, il y a aussi un centre artisanal, adossé à un petit musée maritime intéressant. Martial y achètera une pipe faite de bois et d’os

Le lendemain le Taporo arrive.

 

Le déchargement des marchandises à terre est « sportif ». La barge se maintient le nez sur un pan incliné, pour décharger, mais la houle vient heurter et chahuter son arrière.

 

Ua Huka est la dernière île habitée des Marquises indemne de rats noirs. Elle sert donc de refuge au Lori ultramarin et au Monarque, deux espèces d’oiseaux endémiques des Marquises présentes uniquement sur cette île.

Geoffray Sulpice et sa sœur Hinapootu sont chargés de la surveillance des quais de Ua Huka pour prévenir l’invasion de cette île par les rats noirs.

 

 

L’association qui s’occupe des oiseaux a envoyé sur l’île un chien et un maitre chien pour les former. Franck nous raconte que la veille de la formation, Geoffray s’est désisté. C’est donc lui que l’on a appelé à la dernière minute (Franck a deux gros chiens qui sont bien éduqués et tout le monde le sait). Il a suivit la formation, mais n’a pas le droit de s’en servir…seule Hinapootu officie !

Quand je demande, pourquoi son frère s’est désisté à la dernière minute, Stéphanie me répond que les hommes marquisiens sont très susceptibles sur leur virilité. Pas question pour eux de se promener avec un petit chien (celui qui renifle les sacs sur la photo ci-dessus) qui, en plus, est une femelle !!

Martial avait rencontré Hinapootu, sur le quai un jour. Celle-ci lui avait interdit de jeter nos poubelles, de peur que nous jetions des rats noirs !! Il faudrait que quelqu’un lui explique que depuis le 18ieme siècle les bateaux ont changés…et que notre bateau-maison, n’est pas un cargo, qui charge des caisses qui trainent longtemps sur des quais ou dans des hangars, et ne peut héberger des rats de quelque sorte que ce soit…

C’est à ce moment là que je mesure le fossé qui nous sépare…

Nous avons fait une plongée coté ouest du motu Hane. La vie est riche mais nous ne ferons pas de rencontres magiques.

 

Nous quitterons Ua Huka après quelques jours de vent de sud qui rend le mouillage agité. Le vent finit par revenir Est, nous permettant une route Sud-Est vers Fatu Hiva.

Ua Huka qui est peut visitée (mouillages pas toujours confortables), aura été une merveilleuse découverte, riche et authentique.

 

Les malheurs d’hier, le dépeuplement, l’isolement, la difficulté du développement due au relief sont devenus paradoxalement des atouts pour ces îles. La surpopulation, la pollution, le « bétonnage » généralisé ont ici beaucoup de « retard ». J’espère que le Marquisien du prochain millénaire saura profiter de cette chance, garder son originalité, son authenticité et protéger la beauté sauvage du FENUA (= le pays)